Moulin de la rivière
Michael Ramalho
A Moulin de la rivière, berceau de mon bel âge, je ne reviendrai plus.
Les ronces empoisonnées ont dévoré les marches menant à la rivière.
Jadis, j'y descendais en quête de fraicheur et d'un abri discret pour les choses de l'amour.
A Moulin de la rivière, je ne reviendrai plus.
Des escadrons de fleurs aux tiges métalliques ont submergé la place de l'église étincelante.
Jadis, jouissant d'une jeunesse aux reflets éternels, je m'y épanouissais du matin jusqu'au soir.
A Moulin de la rivière, je ne reviendrai plus.
Le rutilant panneau, banal à en pleurer, a lézardé le charme de la terre qu'il désigne.
Jadis, sous une rouille avenante et sublime, je découvrais un nom évoquant les mystères et les joies à venir.
A Moulin de la rivière, je ne reviendrai plus.
Les monstres mécaniques tapis sur la grande route ont fini par mourir.
Jadis pendant la nuit, entortillé dans mes draps, j'aimais à les entendre, les mains sur mes oreilles.
A Moulin de la rivière, je ne reviendrai plus.
Dans la maison déserte de maman, une cendre lourde et triste tombe drue sur les vestiges de mon bonheur passé.
Et le recouvre peu à peu.