Mr. Zero

murdoc

Ce spectacle immobile me rappelle les graphismes des vieux Tomb Raider. Le couloir du motel, à l'origine blanc, est saccagé; les portes arrachées. Du sang à peine sec ajoute au glauque du lieu une pixellisation rougeoyante délicieusement macabre.


J'évolue lentement dans ce décor chaotique avec de plus en plus d'aisance. L'odeur de la chair tapisse chaque recoins; de pièce en pièce l'envie se fait de plus en plus pressante d'en trouver la source. Un véritable génocide a dû avoir lieu ici.


Dans l'angle d'un salon, on ne distingue même plus les murs du plafond tant tout est rouge. La tapisserie a laissé place à une nouvelle forme d'art.
Je prends un instant pour m'assoir et souffler un coup car mon cœur semble soudain vouloir sortir de ma poitrine, la sensation est abominable et pourtant sans douleur. Quand il se décide finalement à rester en place, je m'aperçois que le bout de mes doigts a noircis, mes ongles sont tombés.
A peine ce constat établis, un bruit attire mon attention. Il y a un robinet qui goutte. Je me relève pour mettre fin à ce vacarme et réalise que c'est moi qui goutte... Je perds mon sang et ce depuis un bon moment visiblement.
Le désordre s'installe dans mon esprit pendant que je commence à marcher vers les escaliers.

"C'est impossible! Je ne peux pas être infecté! Je suis le patient zéros, merde! J'ai survécu à tous leurs poisons!"

Le vide m'aspire. Mes jambes flanchent. Je mets à rouler dans l'escalier jusque contre la porte d'entrée. Mon tibia traverse ma peau, mon genou tout entier. Qui peut se vanter de pouvoir toucher son muscle soléaire avec le nez sans le moindre éffort?
Je tends mes phalanges nues, rongées par le bois brute des marches et tourne la poignée.


C'est pendant que je tente naïvement ce dernier acte d'espoir que la brigade de police de l'autre coter de la porte hurle "3!" et défonce à grand coup de bélier la porte et, ma tête appuyée contre...

[Mudz]

PS: pour le choix du thème, j'ai longtemps hésité entre "humour" et "tragédie".
À vous de voir...

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