Mystification de Rockonnection.

walkman

Rockonnection raconte l'histoire d'Hayden Parker, peintre américain exilé à Londres. Le récit se situe près de deux ans après sa rupture avec Lithy Strummer, amour inépuisable de sa vie sentimentale et artistique ; au moment où un magazine culturel du nom de WALK et tenu par son ami Christopher McLaren décide de lui consacrer un numéro hors-série dont fut chargée la journaliste anglaise Jessica Peterson. Florilèges. 

Extrait de l'interview de Lithy Strummer, par Jessica Peterson :

J.P : Au moment où vous rencontrez Hayden, à l'été 2002, vous étiez avec un autre homme. Qu'est-ce qui vous a poussé à le quitter pour Hayden ?

L.S : A ses côtés, les gens me regardaient comme si j'avais été entièrement conçue pour lui. Mon propre père m'appelait "madame" et même faire l'amour était devenu prosaïque. J'ai longtemps eu l'impression que ma vie était déjà terminée. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré Hayden. Il représentait alors un souffle d'inaptitude à l'ennui, l'imperfection que je recherchais et que j'avais toujours recherchée. Il semblait nourrir pour moi un amour hypnotique qu'il invoquait jusque dans son travail. De mon côté, j'ai vu naître une passion violente et énigmatique. Aujourd'hui, l'idylle me paraît avoir duré une minute et pourtant semble avoir changé le paysage comme un ouragan. Je ne sais pas encore quel morceau s'est brisé en premier. Je ne sais pas si c'est le rêve qui s'est brusquement arrêté quand j'ai compris qu'il ne cesserait jamais de s'enliser dans la mélancolie ou si c'est l'humilité face à l'artiste qui m'a usée. Je sais bien qu'il allait m'aimer sans lâcher prise mais - inexplicablement - je me suis surprise à regretter l'ennui de mon ancienne vie et son caractère monotone. Il me fallait quelque chose de rassurant et de stable pour répondre à l'incohérence de cette histoire d'amour en fulgurance. Je crois que l'amour banal me semblait plus réconfortant. Alors on a soudainement arrêté de parler, on s'est observé un moment avant de se dire les choses par le biais de lettres. Puis est arrivé le fameux Paranoid... En finissant de le lire, je n'ai pas reconnu l'homme que j'aimais. J'avais sous les yeux quelqu'un de sombre qui ne voyait de notre monde que les saloperies qu'il devait supporter. Il racontait que son amour pour moi n'avait laissé que du mépris et de l'aversion pour tout le reste. Il détestait la musique, la peinture, ses amis, à peu près toute sa vie. J'ai alors compris que je le détruisais comme il me détruisait. Voilà, je me suis rendue compte que durant la minute que m'a semblé avoir duré cette histoire, l'éternité qu'on s'est promise s'était écoulée. Même si l'infini reste inachevé.

Extraits de l'interview de Christopher McLaren, par Jessica Peterson.

A propos du talent d'Hayden : Il a quelque chose de rare, une sorte de noblesse brutale et une vision chromatique un peu pessimiste. Quelque chose s'impose par sa peinture, un peu comme un slogan viscéral porté par une admiration profonde pour la Femme. 

Les années de scandales à New York : Il stagnait dans un espèce de marasme dont il ne voyait pas la fin. Paradoxalement, il buvait peu à l'époque, mais sa mélancolie l'a poussé à s'entourer de femmes aussi pommées que lui. Entre son aventure avec son avocate ou ses modèles qu'il allait chercher dans des clubs de strip-tease ou aurpès d'escort girls. Il n'allait pas bien et la presse ne l'a pas franchement aidé. D'ailleurs, c'est devenu une VIP à partir du moment où il a parlé de son addiction psychique à la cocaïne. Des choses se sont mal goupillées mais il a fini par s'en sortir. 

Lithy Strummer : Ils étaient discrets et plutôt intimistes. Hayden n'est pas connu pour avoir beaucoup d'amis. Ses realtions avec la famille de Lithy n'ont pas rendu les choses faciles pour eux deux, et sans doute qu'Hayden n'a pas fait les bons efforts. Après, il est difficile de juger un couple, même si j'ai pu être proche d'eux. Tout ce que je peux dire c'est que Paranoid les a ébranlés tous les deux. 

Les scandales londoniens : On trouve beaucoup de choses fausses çà et là. Je ne vois, d'ailleurs, rien de vraiment scandaleux. Il faut faire attention à ne pas tomber dans le systématisme. Ce n'est pas parce qu'il a traversé des moments délicats qu'il finira par replonger. Il travaille à ne pas dérailler, et il ne s'en sort vraiment pas trop mal. 

Leur amitié : On se connaît depuis pas mal de temps maintenant (dix ans, ndlr) et on a traversé ensemble quelques zones de turbulences, comme dans beaucoup de couples (sic). C'est certain qu'il fait partie de mes plus proches amis encore aujourd'hui. Je l'ai aidé et il m'a aidé, on s'est conseillé. Une relation durable et honnête. En fait, il n'y a pas grand chose à en dire. 

Les oeuvres* marquantes d'Hayden Parker :

- Wall Black (photo. Lynn, 1979) représentant l'un des murs de la chambre d'enfance d'Hayden Parker, dans la maison de ses parents. Photo prise par la mère d'Hayden quelques temps avant sa mort. Exposée à la Living With Art Gallery à New York en 1996. 

- Supper of Fame (peinture, 1996) Représentant 13 célèbres guitaristes, avec Jimi Hendrix en son centre. Inspiré de la Cène de Léonard de Vinci et ramenant le rock'n'roll au rang de religion. Exposée à la Living With Art Gallery à New York en 1996. 

- In Utero (peinture, 1996) L'un des premiers portraits qui ont fait la renommée d'Hayden. Représentant une femme nue, le visage déformé par l'orgasme, suggérant la masturbation. Reconnu comme un tableau à portée féministe et oeuvrant pour la liberté sexuelle. Exposée à la Living With Art Gallery en 1996. 

- The Weary Kind (peinture, 1997) Un guitariste sur scène, les traits marqués par la performance scénique (ou la dope ?) visiblement épuisé et en sueur. Les détails de l'homme font penser à Keith Richards, guitariste des Rolling Stones mais Hayden Parker a toujours nié qu'il s'agissait de lui. Exposée à la Causey Contemporary à Brooklyn en 2000.

- Good girls gone bad (peinture, 2001) Deux femmes nues dans un bain. L'une des modèles se prénommait Nicky et a été retrouvée morte la nuit même d'une overdose dans la chambre d'hôtel de l'Affinia Manhattan qui valu à Hayden un lynchage médiatique. Exposée à la Hayward Gallery à Londres en 2003L

- Paranoïa Village (photo. New York, 2001) Photographie célèbre de l'écriteau trônant au dessus de la porte d'entrée de l'appartement newyorkais du peintre. Exposée à la Hayward Gallery en 2003.

- Mount Rockmore (sculpture. Londres 2004) Sur la façade du Westbury Bar à Londres, représentant les cinq figures emblématiques du Forever '27' Club (Cobain, Hendrix, Morrison, Jones, Joplin). 

- Paranoid (littérature, 2008) Livre narrant les difficultés d'un homme d'origine modeste à se faire accepter par la haute société londonnienne. 

*Toutes les oeuvres sont des oeuvres fictives, n'existant que dans  Rockonnection et faisant référence à des oeuvres déjà existantes ou à des anecdotes issues de l'univers musical du rock'n'roll. 

  • C'est du lourd ! J'aime le condensé de ces univers délabrés dont l'excentricité me fait me rapprocher du centre de la mort, .. des sentiments confus, en passant par les extrêmes ... je vais réécouter l'uterus de 1993..

    · Il y a plus de 10 ans ·
    Le cosmoschtroumpf

    lorenlorant

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