Nak a mal

Laurent Ottogalli

Le jeune Kanak a mal, seul, au fond du nakamal,

Le jeune Kanak est mal : où est l’État normal ?

Entre l’Esprit des Lois et l’autre esprit, d’Éloi,

Entre les cris d’Ataï et perdre la bataille,

Où chercher la bagarre? La gauche, la droite, Baou,

Où exposer son art ? Le Centre, Tjibaou.

Ou pour soigner ses maux, jouer avec les mots,

Des cases noires, des casse-tête, croiser les mots

Des jeux d’argent Jammot, taquiner Paul Wamo,

Hésiter sur l’épithète, faire chanter l’attribut…

 

Le jeune Kanak a mal, seul, au fond du nakamal…

S’accrocher aux racines, combattre les usines,

S’accrocher aux racines, qui ont si mauvaise mine,

Mais voir sa cousine en Une des magazines,

Colorées ses racines, bien roulée dans son jean…

S’accrocher aux racines, en goûter l’amertume :

Le cerveau qui s’embrume, en substances se consume…

Respecter les coutumes, même les si posthumes ?

Ou travailler en costume, un job qui s’enfume,

Les neurones se parfument, rouler sur le bitume…

 

Le jeune Kanak a mal, seul, au fond du nakamal…

Connaître par l’inné, le beau rôle des aînés,

Renaître par l’acquis, paroles de Kanaky !

Indépendante souffrance, indépendance souffrante,

L’indépendance effraie, mais « C’est la France qui paie » (chanté)

Non, c’est pas ça,  « Waipegu ipegu » (chanté)

Ah ! We Ce Ca !

Être fou d’kaneka, ou le foot Anelka,

Car en bleu, Karembeu, a trouvé son étoile,

S’est retrouvé au top, et modèle, s’épanouit près d’elle…

Qui aurait pensé à ces Noces de Cana-là, qu’on boirait

D’une coupe à l’autre, avec Antoine, Kombouaré…

 

Le jeune Kanak a mal, seul, au fond du nakamal,

La douleur du crapaud, la couleur du drapeau,

Le dégoût des couleurs, ça n’se dispute pas,

Les coups, les douleurs, ça n’se discute pas,

Par manque de Loyauté, le sort de sa Terre l’atterre, sa terre il l’aime,

Et même si pour les gens blêmes, les emblèmes sont un problème,

La solution est dans la dilution, c’est la seule condition,

Le respect pour rester en paix, l’Accord à passer pour l’avenir…

Et pour hymne, quel autre que l’hymne à l’amour

Pour que les gens s’aiment et dans les champs sèment…

 

Le jeune Kanak a mal, seul, au fond du nakamal

Car qui que l’on puisse être, on a tous des ancêtres :

Des Dieux, des Vieux, des Maîtres, voués à disparaître.

Si le sang des grands-pères réchauffe autant la terre,

Soyons donc solidaires contre l’effet de serre,

Réchauffons plutôt la planète avec nos petites nénettes,

Mélangeons nos cultures avec un souffle d’air pur,

Métissons nos futurs, un dessein qui perdure…

Sachons tendre la main pour un destin commun,

Faisons ce que cette Île nous semble, un avenir… ensemble…

 

Le jeune Kanak a mal, seul, au fond du nakamal,

Échoué sur un haut-fond, au fond, il est si mal,

Mal de mère, sans repère, comment se mettre en selle,

Autant tirer l’échelle, allez, remettez-moi un shell…

 

Le jeune Kanak a mal, le jeune Kanak a mal, le jeune Kanak a mal…

Signaler ce texte