Naphtaline.

lomel

« Où je suis ? Qui je suis ? Où je vais ? » C’est le point commun qu’elle aurait avec nous. Un point commun en forme de points d’interrogations. Elle a été balancée là, sur le papier, et elle ne sait rien, alors forcément, elle tremble.
Appelons là, mettons, Naphtaline. Prénom miteux. Où répulsif.
C’est déjà un début pour « Qui je suis ? ». Tu es Naphtaline. Pour « Où je suis » je lui ai déjà répondu : sur une feuille de papier, mais vue de l’intérieur. Ca doit ressembler à une sorte de cellule capitonnée immense, qui deviendrait meublée au contact des mots.
Voilà pour toi Naphtaline, il y a déjà quelques lignes, alors prends une chaise, et calme toi.
J’ai pas fini d’écrire, je vais bientôt te donner de quoi t’habiller. Rassure-toi, tu es jolie. Pour me faire pardonner de ton prénom. Pas besoin de croiser tes bras, je t’ai faite à mon goût, c’est pas pour que tu te caches. Et puis de toute façon, y’a pas tellement à cacher. J’aime pas quand ils sont trop gros. Et puis je ne connais pas assez de mots avec des « X » , ni même trop avec des « Q ».
« Onomatopée ». Voilà, j’ai écris ce mot pour toi, comme ça tu as déjà trois « O » pour t’habiller. Un noir, un blanc, et mettons… un rouge !
« Ou je vais ? » Pour le moment tu restes là. J’ai pas décidé. J’ai quelques heures à tuer dans le train.
Bon, je te donne de l’autonomie, mais pas trop, sinon tu vas pas faire comme je veux. Autonomie : 3 heures [en charge] . Voilà
Riorim nu eriaf et ruop serttel seuqleuq icioV. Regarde-toi, je ne t’ai pas menti. T’as des petites dents de lapin ? Et alors, j’aime bien les petites dents de lapin moi. Ca te donne du charme. Tu vas pas te plaindre non plus ? Je viens de te donner vie, tu me dois reconnaissance éternelle. Un pâté trois ovaires. Tous les matins. Pendant 15 jours. En mangeant. Quelle ingratitude ! Avec un grand verre d’eau. Même pas un merci ! Ca fera vingt taureaux. Au plaisir.
T’as déjà gaspillé toutes les lettres du miroir ! Le voilà cassé. Satan de malheur. Où pas, au fond, je t’aime bien, et je sais pas encore pourquoi t’es là. Et arrête de te plaindre. Je t’ai écrite très jolie. Si je t’avais dessinée…
Tu as le nez à Guillain. Ca doit être ton père. A regarder tes seins, ta mère doit s’appeler Perette. Petite poire. Ohla c’est bon ! Depuis quand une créature de papier peut-elle être pudique ? C’est moi qui t’es faite je te signale. Ca y est, tu commences à être comme j’ai pas prévu. Attention ! J’aime pas ça. Non, reste assise. Te fâche pas.
Pour répondre à ta question, tu as 20 ans. Et moi 22. Enchanté !
Je vois qu’au fil du texte, tu as pu t’habiller. C’est bien. Mais attention, ce texte est décousu.
Tu deviens un peu comme une fille pour moi. Tu ne me plais plus tant que ça.
Je vais changer deux points de vue : vüe. Voilà, je ne te vois plus comme ma fille. Tu me plais beaucoup.
Bon, j’arrête, je suis lourd. Tiens, prends un thé. Non, pas de café, Naphtaline ça prends un T.
Bon, c’est vrai que c’est moche ce prénom. Tu veux un surnom ? J’ai pensé à Nana. Ben ouais, je suis un mec, alors je pense à Nana. Je connaissais aussi une marchande de légumes qui pensait ananas. Elle a jamais mis personne au jus.
Maintenant que tu es Nana, tu as des antécédents littéraires. Alors surveille ta réputation.
Ca va ? Pas trop mal à l’aise ? Tu as grandi vite, tu mesures déjà 2 pages. Quand on grandit trop vite, on a souvent mal à l’aise. Ca arrive l’adolescence d’habitude. Paraît alors qu’un bon massage, c’est souverain. Oh c’est bon !! Fais pas ta Sainte Nitouche. Oui, c’est un double sens. Et puis tout le monde le sait qu’un bon massage, c’est sous les reins. C’est un lieu commun. Tu sais ce que c’est un lieu commun ? Sûrement un poisson blanc. Je ne sais pas tout…
Bref, je m’égare, je m’éparpille...


T’es patiente quand même. En relisant, je trouve ça tendancieux, voire flippant. On ne sait pas trop si je suis comme ton dieu créateur ou comme un pervers qui épierait sa captive. Bah, finalement, c’est pas incompatible. Mais je ne suis rien de tout ça. Tiens, je vais m’incarner à toi. Où plutôt m’inlitterer. Voilà. Je suis Clément, enchanté encore ! Je suis venu les mains vides, mais je t’ai ramené un peu de moi. Je ne te serre pas la main, elle est poisseuse. A cause du stylo ! On se fait la bise, oui. C’est un stylo à bise en fait. Ou stylo-bise, mais il reste un « à ». Stylo baise, c’est pas joli. Mais avec un stylo baise en main, je peux te faire le baise-main. Alors voilà qui est fait ! Je suis du genre gars-lent. Ouais, lent. Déjà deux pages, pour ne rien dire. Ou finalement, te dire toi, c’est déjà énorme. Je me sens deux dans mon train. Déjà que je ne me sentais pas tout seul dans ma tête…
Tu sais j’ai pas écris tout ce que j’ai imaginé. Je sais ce que tu aimes, car tu aimes ce que je veux que tu aimes, pour que je t’aime. Du coup on a certains trucs en commun, mais pas tout.
Non, car je t’ai laissé une grande part d’ombre, pour t’aimer encore plus. Un jardin secret en réserve, avec tout plein de bouquets de lettres dans tous les alphabets du monde, pour que tu écrives ta propre histoire. Arrose-les bien, ces allées de lettres, elles deviendront majuscules.

Voilà, je t’ai inventé. Je suis un peu ton dieu, ton Papa.
Je t’aime. Je suis un peu ton dieu, ton Papa, et aussi ton amant.
Comme je suis tout ça, je t’ai un peu guidée un peu manipulée.
Et comme je suis tout ça, je vais répondre à la dernière question. Ca y est, je suis sûr de la réponse.
« Ou tu vas ? » Ou tu veux. Deux pages à t’aimer, des milliers de lettres. Il en reste une infinité, je te les laisse. Je me retire de ta page, je te laisse de la place pour écrire ton histoire.
J’aurai encore voulu te parler pendant des heures. Qu’on parle de tout ce que tu fais e que j’aime, où que je n’aime pas, mais que j’aime quand même. Te raconter mes fameuses « 1000 et une histoires, belles ou qui font peur » pour que tu t’endormes… Mais voilà, je ne peux pas. Je n’inventerai plus les gens pour m’amuser. Quand je les libère, ça ne m’amuse plus du tout.
Garde juste quelques lignes blanches pour moi.
Si tu as peur de ne pas encore te connaître suffisamment pour t’en sortir seule, souviens toi d’une seule chose. Pour moi, tu es formidable.


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