Narcisse dans le métro

Ligne 2 du métro parisien, quai aérien de la station Stalingrad, vers 7h45.

Je regarde passer les autres voyageurs qui se répartissent le long du quai. Soudain, apparait devant moi une grande brune à lunettes qui me sourit en me disant bonjour, comme si on se connaissait. J'ai juste le temps de lui rendre son sourire et son bonjour avant qu'elle continue son chemin. Elle semble un peu plus jeune que moi, la quarantaine probablement. Son sourire a le pouvoir de faire naître une douce érection qui m'accompagnera pendant le reste du trajet jusqu'à mon travail.

Son visage me semble vaguement familier. Je me suis déjà fait cette réflexion la première fois que je l'ai vu dans le métro et qu'elle m'a souri timidement.

Une fois dans la rame, je repense à mon érection. Je croise pourtant dans le métro des femmes, mûres ou jeunes, bien plus jolies sans que leur vue crée pour autant un afflux sanguin vers mon membre viril. Je crois que les poètes de l'Antiquité, lorsqu'ils imaginèrent Méduse, devaient penser à ce pouvoir qu'ont certaines femmes de changer un homme en statue de pierre, par un simple regard. Celui de ma grande brune à lunettes n'a pas eu seulement pour effet de durcir une partie de mon anatomie, il a aussi gonflé une partie de mon ego, mon orgueil.

Ainsi, mon érection serait-elle l'aveu de mon narcissisme ?

Je me demande maintenant à quoi pense ma grande brune à lunettes. Est-elle aussi émue que je le suis ? Est-ce qu'une partie de sa personne a gonflé aussi ? Est-ce qu'elle écoute son corps ? Est-ce qu'il lui parle de moi ?