Nathalie (fin)
aile68
Nathalie disait qu'elle n'avait pas atteint le sommet qu'elle s'était fixée à la fac, prof ou maître de conférence mais elle n'avait aucun regret car elle aimait la vie qu'elle s'était construite. Les lumières, les paillettes, elle avait toujours aimé cela, au grand magasin parisien elle était à sa place. Les décorations de Noël lui donnaient une aura magique, les flacons de parfums qu'elle aimait disposer à sa guise brillaient telles des étincelles transparentes. Pourquoi ai-je choisi de parler de Nathalie plutôt que de Marie-Luce ou moi-même. Parce qu'elle m'a dit un jour qu'elle aimait les Noëls d'antan, parce qu'elle avait une chevelure de poupée avant de les faire couper courts, parce qu'elle m'a encouragée plus que personne un jour où je n'étais pas bien, où je voulais tout arrêter. On était dans le couloir de la bibliothèque, je regardais par la fenêtre, l'air morose, il faisait froid, c'était janvier, le blues de l'après fêtes me rongeait l'esprit:
"Pas facile de reprendre les cours. Moi je me suis demandée si je n'allais pas reprendre jeudi mais y aurait eu tous les cours de mercredi à rattraper. ça non, alors!
- Ouais, on a bien fait de reprendre au jour J même si j'ai envie de mettre les voiles. Je n'arrive pas à me concentrer, comment apprendre mes cours comme ça?
- ça fait longtemps que tu n'arrives pas à te concentrer?
- Deux mois, j'ai complètement raté mes partiels!
- Tu plaisantes, y a des matières où tu t'en sors bien.
- Oui mais ça ne suffit pas. Je vais arrêter. J'irai travailler au Mac Do.
- Attends, pas si vite! Je vais te donner le nom de mon médecin. Il est super pour les coups de mou. Il prescrit des élixirs floraux...
- Qu'est-ce que c'est que cette connerie?
- Je t'assure, ça marche trop bien. Vas-y! Je t'assure.
- Bon, je veux bien essayer".
Jamais la nature ne m'avait aussi bien aidée! Moi qui aimait les fleurs... Les cours me semblaient plus facile à apprendre, je me suis mise à travailler avec plus d'aisance, j'ai suivi un traitement jusqu'à la fin de l'année scolaire que j'ai réussie, c'était fantastique!
Or c'est l'année où Nathalie a arrêté ses études pour se lancer dans une nouvelle vie. Moi je suis partie en Italie l'année suivante et, étrangement à mon retour j'ai fait comme elle. J'ai fait autre chose. Disons que j'ai continué dans les fleurs, pour les vendre cette fois-ci. Marie-Luce pareil, elle a quitté la fac pour travailler dans son gîte là-haut. C'est drôle comme nos existences ont changé... Nous sommes toutes les trois d'accord pour dire oui. Je me souviens la prof de thème qui nous disait que le mariage c'était aussi un projet louable dans la vie, qu'il n'y avait pas que les études. Eh bien voilà, elle avait raison. Nos études ne nous ont pas mené à la voie qu'on s'était choisie. Une amie, un événement a changé la donne mais l'amitié est restée et même s'est fortifiée entre Nathalie et moi quelque que soit la vie que l'on s'était choisie.