Natsuki... Subaru-kun
nacas
Je ne sais pas quel esprit je serais, moi.
Je m'interroge, je m'introspecte. La voix soyeuse de Raphaël Enthoven entame une réminiscence, mémoire involontaire, dans mon esprit embourbé de son questionnement… « on ne délibère pas pour prendre une décision, jamais… ! Et la preuve logique toute irréfutable est dans la chronologie de ces deux actions, assurément : on prend sa décision avant de délibérer ! L'esprit se berce de l'illusion de sa délibération mais avant même d'entamer la pesée d'un argument il sait quel poids il va lui donner… »
L'Orgueil. Je serais sans doute l'Orgueil.
Mais c'est déjà pris.
Mon estomac frémis d'émoi.
L'Orgueil et la Raison.
Je serais L'Orgueil de la Raison.
Moi aussi, je Re:Booterais.
Je vivrais une nouvelle vie… je saurais me démener, et même à ma manière, moi aussi…
…
Je t'envie.
Je t'envie à en crever d'hémorragie salée, Natsuki.
Il ne se passe rien, ici.
Rien que le vent qui souffle ; et parfois ma respiration.
A quoi bon respirer cet air grisâtre… qui étouffe mes manières, qui enlise mes espoirs…
Je mets de la musique avec des cœurs, de la basse, tout un orchestre battant la chamade…
Alors je monte le son. J'accentue le débit.
Comme s'il suffisait à la voix de mes enceintes de me poncer les tympans pour chasser la poussière en suspension de la Vie, invisible, inodore, insipide… omniprésente ; annihilante.
Ça fouette l'air, ça cingle mes tympans, je pense à mes appareils, à leur aspect de plastique transparent, si malsain au creux des cartilages de mes oreilles…
Je fais vibrer l'air pour fouetter mes sangs ; je remue ces particules sans saveur dans l'espoir intrinsèquement désenchanté de les voir se colorer…
Je marmonne des mots, profère des formules, agite mon stylo de haut en bas, de bas en haut, dans le désespoir de le ressentir plume… la désolation de ma flasque de chair.
J'aime le son de ma voix.
J'ai l'impression qu'en grattant les cordes de ma gorge c'est tout mon corps que j'ausculte.
Je t'envie ; Natsuki Subaru.
Je voudrais me sentir vivre, moi aussi… Je voudrais goûter à cette alchimie…
Et je suis sûr que j'en serais capable, moi aussi…
Je récuserais ce gros boulet d'adipeux, qui étend depuis mon abdomen ses déformations bouffies, si j'avais une vraie motivation… quelque chose pour quoi exister.
Je veux exister, Natsuki Subaru.
Abandonner ce monde désabusé, où rien n'importe que la question de la durée de son suicide, pour la magie d'un autre, où il n'y aurait plus que ma transmutation… Tu n'imaginerais pas tout ce que je pourrais y concéder.
Je n'ai jamais répugné à être utilisé.
Je n'ai jamais considéré qu'il m'était vitalement nécessaire d'être debout pour être Grand, Natsuki Subaru.
Je n'ai pas besoin de m'accomplir pour exister, je n'ai que besoin de penser ; d'interagir…
Moi aussi, je voudrais tout quitter… si ma fatalité me découpait…
Prendre une lame.
Ressentir sa magie pulser.
Me l'empoigner dans l'œsophage ; pour peu que l'aune pare mes écailles…
Sortir ma glotte transpercée.
Mon cerveau transit.
De douleur.
Je voudrais palper… avec un dégoût médusé ma salive limpide… la mort me broyant l'hypophyse…
Et Re:commencer.
Je veux hurler, du ventre, je veux engloutir, des crocs, trancher, des griffes ; immenses…
Et j'aurais même une fourrure…
Laisse-moi me transfigurer…
NATSUKI SUBARU !
Tu es là-bas ; et moi j'écris.
A quoi ça me mène ?
Dis-moi, Natsuki, à quoi ça me mène…?
Je t'envie.
Ici mon Emilia est intitulée Estelle.
Ici ma seule magie est de cracher mon encre en arabesques jolies.
Ici même si je mourrais je ne voudrais pas recommencer. Je ne sais même pas si je m'en rendrais compte.
Ici on ne meurt pas.
On succombe.
Dans la fadeur.
On se vautre ; dans la fadeur. On s'y abîme. De désœuvrement on finirait par se convaincre en entier qu'essuyer sa fadeur sur le linge sulfureux de l'exaltation pourrait faire s'évaporer le terne.
La fadeur n'est pas évanescente. Lorsqu'on s'essuie contre l'extase on la salit ; mais ça ne suffit pas…
Il en reste encore trop.
C'est pour cela, que je donnerais mon être en pâture à mon âme ; que je prêterais mon buste à se faire dévorer.
Que tout, tout ; tout… je re:commencerais de bon gré.
Je le ferais dieu ; et jamais je n'aurais ressenti alchimie plus divine…
Absorbez-moi…
Je veux exister.
Je veux respirer.
Je veux palper.
…
Life in another world…
From:Zero.
j'aime beaucoup; c'est assez envoûtant. Par contre, je me demande si ce texte fait référence à un autre? ( je vous lis pour la première fois aujourd'hui)
· Il y a plus de 8 ans ·Natacha Karl
Et bien, je pense que tu as toutes les clefs pour répondre toi-même à ta question.
· Il y a plus de 8 ans ·La solution est dans la recherche google ; je ne te ferai pas l'affront de te donner un http://lmgtfy.com/?q=Re%3AZero.
C'est une ôde à ce présent anime, qui est bouleversant de qualités...
Je vous invite à me lire maintes fois encore : je saurai tenter de vous transporter.
nacas
Double merci alors: pour ton texte et pour me faire découvrir ce manga! :))
· Il y a plus de 8 ans ·Natacha Karl
*se courbettant :* C'est un plaisir.
· Il y a plus de 8 ans ·nacas