Nature nourricière

Jean Claude Blanc

hommage à la nature, que l'on blesse, citation de ST Exupéry: "j'aurais aimé être jardinier"

     Nature nourricière

« Chassez le naturel, il revient au galop »

C’est tout ce qu’il nous reste, quand on a tout perdu

Charme et fertilité, de notre Terre promise

On va être cocus, impuissants, mis à nu

Dilapidons richesses, grignotent les souris

Ecolo, un slogan, un fanion qu’on brandit

Ses élus au pouvoir, servent de faire valoir

On écoute d’une oreille, leur verte litanie

Et même leur ministre, déchue de son perchoir

Chasseurs et ornithos, ont le même objectif

Sauver l’écosystème, et se faire plaisir

En déposant les armes, devraient enfin s’entendre

Car on est condamnés, pour toujours vivre ensemble

La Terre est à tout le monde, elle nous sert à bouffer

On a tout intérêt, la laisser végéter

Malgré nos différends, faut pas se diviser

Sinon le tour est joué, on va tous s’entretuer

La Déesse Nature, on ne la voit jamais

Tellement habitués, d’en cueillir les bienfaits

C’est quand vient la tempête, que les Hommes rouspètent

On reste les bras ballants, « qui fait l’homme, fait la bête »

Je traine sur les sentiers, de mes montagnes altières

N’y a pas âme qui vive, seulement en apparence

Suis devenu accro, à ma vallée de l’Ance

Karma, paix intérieur, me shoote à la bruyère

Le pâtre solitaire, tout seul garde ses moutons

Sa chienne, la Fauvette, est couchée à ses pieds

Tous les 2 compagnons, complices d’affection

Elle lui fait la fête, en signe d’amitié

La Terre se réchauffe, pourtant il fait frisquet

On pense que jamais, on sera pollué

Pourtant, y’a des touristes, qui sont un peu gonflés

Pour marquer leur passage, nous balancent leurs déchets

A cette haute altitude, peu de végétation

Pour se régénérer, il lui faut des années

Le glandeur du dimanche, profite de la saison

Question sciences naturelles, il n’est pas très calé

Berger c’est un métier, qui ne vit que l’été

Dans une cabane vétuste, mais sans l’eau sur l’évier

Il passe tout son temps, à jouir de solitude

Et montre le chemin, à ceux qui perdent la vue

Quelques baies de genièvre, les fleurs d’arnica

Et des pins rabougris, déformés par la bise

Un tableau magnifique, mais lui, n’en fait plus cas

Sa terre, il la connait, éclaire sa matière grise

Les grands espaces nous manquent, tellement confinés

Dans des banlieues austères, aux parcs délimités

On use de subterfuges, regardant la télé

C’est par procuration, qu’on va se balader

C’est comme respirer, réflexe conditionné

La nature s’impose, depuis notre naissance

Si on n’y prend pas garde, l’oxygène va manquer

Les trésors sont cachés, on sait pas notre chance

Qui a-t-il de plus beau, qu’un coucher de soleil

Sur une colline dans l’ombre, avide de lumière

Mais on est trop gâtés, blasés de nos merveilles

Restent quelques naïfs, qui jamais désespèrent

Dérivent les continents, à se mettre en colère

Les pôles se dégèlent, débordent les rivières

Ça tremble dans la maison, la terre se déchaine

Le début de la fin, on y a pris la peine

On n’est que locataires, de notre planète bleue

On ne fait que passer, d’autres vont se pointer

Qu’est-ce qu’on va leur léguer, à nos gosses envieux

Une Terre épuisée, tellement gavée d’engrais

Toutes les régions du monde, vont se contaminer

Les fumées des usines, gagnent les sites protégés

Les espèces disparaissent, on se voile les yeux

Les Hommes amnésiques, se prennent pour des dieux

Marées noires, détritus, dégueulent sur nos côtes

Les pétroliers dégazent, discrètement, ils crottent

Les mers, les océans, deviennent les dépotoirs

De nos pays friqués, qui plaident que pour la gloire

M’égare dans le brouillard, j’ai perdu tout espoir

C’est pas la fin du monde, pourtant, ça y ressemble

Un rayon salvateur, va me tirer du noir

Avertissement sans frais, la Terre est bienveillante

Nature, on voudrait l’être, nous souille le progrès

Engins sophistiqués, fausse publicité

Qu’on jette à la poubelle, aussitôt consommés

La mode est au bio, ça reste à démontrer…

JC Blanc       octobre 2013 (Hommage à Lucrèce : « De la nature des choses »)

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