Nautamwamêm

versolite

Lettre à mon futur.

Audrey, tu devrais peut-être pas effacer tout ça, le jour où, dans deux ou trois ans, tu retomberas dessus au détour de trois clics, pour peu que tu aies quitté le site entretemps.

Je ne sais pas encore ce que tu vas faire dans ta vie. J'espère que, là où tu en es, ça se passe bien pour toi. On s'en sort toujours, quand même, à moins que la situation ait tourné à quelque chose qu'on avait jamais vécu avant.

C'est ce qui m'est arrivé il n'y a pas longtemps au moment où j'écris ça, tu sais, cette semaine un peu effrayante où je suis allée chez papa, où je pensais y aller pour toujours et que ça ne se réparerait pas.

Excuse-moi d'être aussi pessimiste. Après tout, peut-être que tu vas bien. Tu dis toujours que ça va, d'habitude. Enfin, là où j'en suis (on est le 5 juillet 2017 et il est 22:56), on a toujours même considéré que notre vie n'était pas à échanger avec celle de quiconque, parce qu'elle nous convenait.

Mais je me dis aussi qu'il est possible que tu ailles mal, que tu sois en train de penser à effacer ce texte après l'avoir lu des milliards de fois. Peut-être même que tu pleures ? Je suis là, ma grande. Je ne suis pas un très beau ni un très grand soutien, mais ça va aller.

(Ça va aller, encore des mots très bêtes, mais on a toujours trouvé le temps d'y penser comme ça. Même quand tout n'était que du gros n'importe quoi, qu'on devenait aussi pathétiquement oisives que possible, il y avait encore en nous l'anticipation du futur amélioré. Mais on a plus ou moins eu raison, jusqu'à maintenant. Le ciel s'est toujours dégagé.)

Et, aussi, une autre petite chose : qui que tu sois maintenant, ne me méprise pas. Ne méprise pas la façon dont je parle ni les choses que je pensais ni ce que j'étais globalement et la façon dont je réagissais auprès des autres. Toi qui penses toujours les gens d'après leur contexte (sans vouloir être condescendante, j'espère que tu es toujours comme ça), pense un peu à moi. Je fais de mon mieux. "Les gens font toujours de leur mieux". 

J'espère que tu crois toujours que le mal n'existe pas, qu'il n'y a qu'une question de contexte, comme j'espère toujours que cette idée selon laquelle le noir est le mal et le blanc le bon est complètement stupide.

Après, peut-être que j'essaie de me revaloriser, de justifier ce que je suis à l'heure actuelle, qui est éphémère et qui disparaîtra bientôt. Tu sais comme moi le nombre de fois où j'ai relu mes anciens écrits avec honte. N'aie pas trop honte de moi, d'accord ? Certaines personnes m'aiment, là où j'en suis. On ne doit pas être si mal.

J'espère aussi que tu vas bien et que tu as découvert encore plein de choses, de personnages et d'univers dont tu n'avais jusqu'alors aucune idée. J'espère que tu as continué à les recenser aussi, pour te rappeler d'où tu es partie.

Et j'espère aussi un peu que tu as appris à comprendre l'amour. Peut-être même que tu t'es trouvé quelqu'un ? Une bonne personne qui veille sur toi ? Ce n'est pas une chose impossible, j'y crois, personnellement, même si moi-même j'en suis loin.

Surtout, dis-moi une chose : dis-moi que la Confrérie est toujours sur pieds. Dis-moi que les Énergumènes, là où tu en es, même si c'est un an, deux ans plus tard, ne se sont pas dispersés. C'est tellement important pour moi.

Peut-être même que quelque chose aura évolué du côté de ce garçon coincé sous le banc, sur lequel je me pose encore des questions à l'heure actuelle. Tu sais comme moi que les choses ont changé vite, de ce côté-là. Des choses auraient mérité d'être repensées et repesées. Tu me diras.

Et peut-être auras-tu revu Katch ? Il me manque encore un peu, j'avoue. Tu as peut-être oublié son existence, qui sait ? Il y a des choses qui s'oublient vite.

Au final, j'ai dit beaucoup sur moi et si peu sur toi. J'espère que tu ne m'en voudras pas. Prends toi-même le temps d'écrire, de poser des questions à ton toi futur. Ça devrait être un rituel commun. Rendez-vous l'été prochain, ou l'été d'après. Réponds à ça le 5 juillet 2019 ou 2020. Je suis sûre que tu as des choses à dire.

Versolite

(PS : si tu n'as toujours pas fini le contexte de Dust to Dust, par contre, je te botte le cul.)

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