Néant du jour

Il y a un temps pour tout, et je me demande si celui du pardon viendra un jour.
Il est peut-être même déjà en marche, car je ne sens plus le feu m'avaler le ventre, je n'ai plus cette impression de vaciller sur un fil au-dessus du vide.

Je n'ai pas écrit depuis longtemps, en réalité, car si je ne vacille plus, je marche droit et sans fin dans le noir le plus total. C'est silencieux, vide de sens, je fait des va-et-vient, erre dans ce grand nulle-part que l'on appelle "vie".

Cette société actuelle nous dit d'être heureux, et j'ai eu beau essayer, je ne comprends pas comment y arriver. Finalement ce n'est qu'un leurre.
Il m'est impossible de remplir mon cerveau de joie et de lumière, seulement d'apparences flatteuses. Cruellement vides en-dedans.
Mais il faut taire ce vide, paraître bien dans sa peau. Seulement, moi, la lumière, elle s'est estompée depuis plusieurs années déjà, et ce n'est pas grave.
 

L'ombre est un cocon rassurant, car elle me repose, et ne me juge pas quant au fait que je n'ai plus rien à dire. Des embryons d'idée ici et là, qui s'évanouissent sans bruit.

Cela fait et fera toujours partie de mon être. Je suis remplie de goudron épais qui m'obstrue la vue vers un quelconque avenir. Je ne sais où aller, vagabond sans projet, âme sans plaisir et sans peine.

Ainsi sont les choses. Que de vaines paroles, mais au moins la colère s'est dissipée. Je suppose que je dois remercier le temps pour ça. De m'avoir ôter mon seul moteur, aussi négatif soit-il.

Alors, je vais. Ni triste, ni heureuse, juste un tas de chair mouvant. Un être au sens stricte du terme, sans humanité, bourrée à ras-bord de faux-semblants.

Voilà pourquoi je n'écris plus. Je n'ai plus rien à raconter.

Voilà ce qu'est ma vie maintenant.

Apathie.