Née dans un bain d'acide
alexandra-basset-9
Je brûle. On m'abrase l'épiderme à vif, sans anesthésie. On me ponce jusqu'aux organes internes. Des centaines d'aiguilles viennent se planter sur mes épaules, dans mes bras, sur mon visage. Je pressens que ce n'est pas de l'acupuncture, plutôt du vaudou. Je m'enflamme, me consume. Je brûle, car pour une fois, j'ai choisi de ressentir sans recourir à des artifices dissociatifs.
Le bruit, les cris, le froid, le vent... Tous me submergent, me pénètrent, sans demander la permission. Une torture des sens, un cri déchirant dans la nuit songeuse. Ils saccagent mes intérieurs, les mettent sans dessus dessous, m'abandonnant au milieu d'un chaos indéchiffrable.
Et alors, une fois partis, une fois encore... Je reconstruis patiemment. Je repeins les meubles, ramasse le verre brisé, change les cadres. Jusqu'à la tempête suivante.
Ma demeure de sable instable, emportée par la houle lorsque la mer s'emballe. Je l'aime autant que je la hais. Elle m'appartient tout autant qu'elle m'échappe. Elle m'est intime telle une étrangère, que j'ai l'impression d'avoir toujours connue.