Nekfeu - Feu

À force de voir des critiques élogieuses de "Feu" un peu partout sur la toile, on est devenus très, très curieux… jusqu'à finir par se le balancer dans les oreilles. On a bien fait, il semblerait que le Fennec ait grandi au même rythme que nous.

Cet album, c'est clairement celui du passage à l'âge adulte, on y sent une envie, un besoin de raconter plus que des soirées trop arrosées et des aventures d'un soir. Toutes les étapes y sont : le constat triste des inégalités et des limites du système, dans Le Horla notamment, suivi du découragement, qu'On verra illustre très bien, puis de l'envie de contredire le destin que trace la société (Laisse aller) et enfin la sérénité du travail accompli, de la brique apportée à l'édifice, avec Être humain en conclusion du LP.

Les paroles sont douces-amères, réalistes, mais en même temps pleines d'espoir, motivantes. L'effort d'écriture est fait et aide le message à passer, les jeux de mots sont réfléchis, il n'y a qu'à écouter Princesse : “Petite fraicheur t'es p'tet mannequin, mais t'es loin d'être une fille modèle, tu aimes te shooter à tes shootings, car tu jouis d'une vie moderne”.
Les sujets sont quotidiens, et on s'y identifie très facilement, contrairement aux trop habituels délires de blings-blings, hôtels et grosses caisses : Risibles amours, qui met en lumière la façon dont le monde moderne a tendance à consommer les relations amoureuses, nous a énormément touché.

On pourrait dire que cet album ne fait pas rêver. Après son écoute, on ne s'imagine pas au bord d'une piscine à Miami, entouré de 15 modèles. Mais il ouvre une porte sur d'autres possibles, prouve qu'on peut ne “jamais céder à la pression du groupe” (Nique les clones, Pt. II) et qu'à son échelle, chacun peut aider à changer un peu les choses.

Ne Rêv(ons) pas d'avoir des rêves les gars, levons nous plutôt le matin pour les défendre !