N’est de véritable Amour que celui né de l’orage
Totem De La Nuit Belle
N’est de véritable Amour que celui né de l’Orage.
Un rendez-vous. Impératif dans la forme, galant dans le fond. Classique pour elle, si décisif pour vous. Elle vous plaît. A un degré de splendeur que vous seul pouvez imaginer.
Elle incarne le souvenir ému de votre enfance, le premier baiser sous la pluie, le sein maternel, les yeux modiglianiens, la poésie de l’aube et l’arrogance suffisante.
Celle qui vous pique, vous excite et vous domine comme vous l’avez toujours souhaité.
Ce n’est pas une femme, c’est une dame.
Elle exaucera votre vœu le plus cher, celui d’être compris et aimé pour ce que vous êtes.
Et pour tout ça vous serez ce qu’elle aime. Aucun sacrifice ne sera trop sanglant. Votre cœur parlera à votre place. Lui faire l’amour sera toujours une première fois.
Elle est en retard.
Comment lui en vouloir ? Elle est en retard ? L’amour est un échange. De bons comme de mauvais procédés. « Je serai en retard la prochaine fois ».
Elle apparaît. Derrière le long tunnel noir paré des illusions frustrées et des vagues à l’âme amers. Elle est là et tout rayonne.
Le temps s’arrête, le monde s’écroule, l’univers se prosterne.
C’est « trop », vous le savez, mais l’idéal est « trop » par essence…
Il faut parler à présent. Dire. Quelque chose.
L’idéal s’impatiente.
Si seulement la première phrase pouvait la faire rire. Si seulement les premiers mots pouvaient la déshabiller…
Bonjour c’est trop commun, bonsoir c’est désespoir…
« Salut… »
Raté.
« Salut ! Désolé pour le retard, en plus j’vais pas pouvoir rester longtemps, tu voulais me dire un truc ? »
Lui dire que vous pourriez mourir de l’embrasser, que ce serait la forme la plus aboutie du paradis tel que vous l’auriez décrit… Vous vous contentez de :
« Juste avoir des nouvelles… Ca fait un bail ! »
« Grave ! Au fait merci pour tes lettres… Pas eu le temps de te répondre mais ça m’a fait plaisir… »
Vous savez que pour votre Salut, vous devez la surprendre sans l’impressionner, la faire rire sans passer pour un clown, l’attendrir sans la transformer en maman. La fibre est fragile. Ou pire en meilleure amie. Le coup est classique.
« Pas de souci… J’adore écrire de toute façon… »
C’est nul.
« Ah d’accord… »
Vous l’avez bien cherché.
« Tu veux quelque chose à boire ? »
Non, bien entendu, elle voudrait que vous la sautiez directement sur la table.
« Non, je voudrais que tu me sautes directement sur la table… »
L’avez-vous entendu ou seulement imaginé ? Vos pensées prennent de l’élan pour sauter le gouffre de l’incrédulité. Vos yeux s’éberluent. Elle éclate de rire.
Autant à cause de votre tronche que grâce à sa provocation.
Elle est vulgaire. C’est un trait gras de sa personnalité que vous ne soupçonniez pas mais ça n’enlève rien à son charme attilien. De toute façon, vous êtes aveugle depuis bien longtemps.
Vous bandez.
Elle a gagné.
« Je plaisante, remets toi ! Faut vraiment qu’j’y aille… A plus… »
Vous avez perdu.
Très beau portrait féminin : j'aime beaucoup le "clin d'oeil" à ce grand artiste qu"était Amedeo Modigliani !
· Il y a presque 10 ans ·Et "la poésie de l'aube" me laisse aller à la rêverie...
Magnifique texte dans lequel la "malédiction" d'Ugolin frappe une fois de plus..
Merci pour ce moment de lecture !
ade