NO MAN’S LAND

paratge

Aujourd'hui j'ai tiré la carte du monde.

Guerres, orages, frimas peuplaient mon existence
Où les conversations se muaient en combats,
Où les avis inverses devenaient des sentences.
Un vrai champ de bataille où mon âme tomba.

Je m'étais donc éteint pour éviter les balles
Muré dans le silence - aveu de la débâcle -
Qui faisait fulminer la belle en son dédale
De fausses intensions et de mauvais spectacles.

Elle souillait notre union, usant de ses atours,
Prétextant des échanges hautement picturaux,
Alors que je tremblais au fond de mon bureau
De voir se déliter nos faibles liens d'amour.

Pourtant, la luciole bannie hors de mon cœur
Contraint par le serment prêté devant le croix,
Brasillait en secret, calmait mon désarroi
Apaisait mon esprit assiégé de terreur.

Cette faute commise il y a longtemps déjà,
Méritait je le sais, la sanction du cilice
Puisque j'avais laissé, sans que ça m'avilisse,
Une femme enflammer mon cœur qu'elle piégea.

Sûr de ne point céder aux sirènes sublimes
Car mon engagement était des plus profonds,
Je n'ai jamais cherché à jeter aux abîmes
Ce regard envoutant qui brillait tout au fond.

Alors que les ténèbres enveloppaient ma vie
Car de l'issue j'avais déterminé la date,
Un geste a mis le feu à mon esprit ravi
Où la douce exilée avait laissé sa patte.

Il n'était plus question de faute ou de remords
Mais de survie, d'Amour et de très belles choses !
L'Univers me disait : « Tu l'as exclue à tort !
Je te l'ai posée là et il faut que tu oses ! »

Tiraillé, tourmenté par des pensées contraires,
Je n'ai pu, je n'ai su dévoiler le secret
Qui m'écrasait au point de rompre les barrières
Et de biser son cou et sa peau si sucrée

Sans même y penser ! Aussitôt j'ai rougi
Me confondant d'excuses. Peur qu'elle me rembarra !
Elle, de son côté, n'y vit pas d'embarras.
La luciole timide devint une bougie

Qui guidait tous mes pas au fond de la tempête.
Elle se mouvait gracile, ondulante et sereine,
Empruntant la démarche et le pas d'une reine.
Son sourire allumait des espoirs dans ma tête.

Mon cœur aussi longtemps condamné  à saigner
Dans la grisaille sale des miasmes inféconds
Des amours dévastées des couples moribonds,
Se rallumait enfin. Et la paix y régnait.

La décision fut prise de séparer nos routes,
Chacun ayant le droit  à sa part de bonheur.
Et pas de connexion à l'écran bleu, des heures !
Et plus d'éclats de voix ! Le silence je goûte.

Cruelle jusqu'au bout, la belle se ravise
Et veut garder contact et laisser des affaires,
Recommence  à frôler et à faire des bises
Alors que son union gît morte et vide à terre !

Très chère, il est trop tard, car je ne souffre plus !
Tes frasques, tes humeurs ont balayé mon cœur
Qui ne s'encombre plus de soucis superflus.
Il a changé de cap, esquivant ta noirceur.

Maintenant, je ne sais si la flamme qui m'anime,
Animera autant celle dont je suis épris.
Mais je vibre, je pleure et puis aussi je ris !
Je veux être l'acteur et non plus la victime.

Je goûte au célibat avec délectation
Car je peux rassembler mes morceaux dispersés
Et d'illusions savoir si je me suis bercé
En ne pensant qu'à Toi avec adoration.

Oui, c'est Toi que je nomme en ces vers enflammés
Toi qui dans ta famille m'a fait un peu entrer
Et où je me sens bien, sans plus me concentrer
Sur tout le protocole. Je n'ai rien réclamé.

Tu m'as enveloppé de ta douceur innée
Et de mots très précieux au creux de mon oreille,
Et telle une lionne, sur tout ton clan tu veilles
Sans une griffe au vent, ma douce vahiné.

Je ne forcerai rien, ni le pas ni l'allure
Le temps qu'il te faudra, je le prendrai aussi.
Quand l'Amour sera prêt et qu'il aura forci
Nous irons nous bénir sous le plus bel azur.

Et mon vœu le plus cher car ma vie en dépend
N'est que de te chérir jusqu'à mon dernier souffle,
Te serrer dans mes bras quand le soleil descend
Pour que nous enlacés, la nuit nous emmitoufle.

Que tous les chauds soleils, et les lunes aussi,
Incendient mon regard lorsque je t'aperçois
Au point que mes sourcils en sentent le roussi
Et qu'au fond de tes yeux, il faut que je me noie.

J'implore le vertige de cet Amour immense.
Je veux frôler tes soies et tes satins précieux,
Plonger dans ton parfum au pouvoir si intense
Et goûter avec Toi, aux instants merveilleux.

Je veux que notre amour soit si éblouissant
Que du fond du néant Cassiopée s'en souvienne
Quand l'univers un jour, devenant vieillissant
Repensera au temps où il te nomma mienne.

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