NO MORE ROOM FOR CONSCIOUSNESS

lollapalooza

Attablé dans un coin surpeuplé, j’attendais, l’air stupide, que ce foutu concert commence. Je ne sais pas ce qui a pu me traverser l’esprit lorsque je me suis décidé à subir toute cette foule compacte et indisciplinée. Une unique envie me pénétrait, m’obsédait, me condamnait : perdre le peu de conscience et d’empathie me restant, envahit par un sentiment de haine destiné à toute personne m’ignorant en ce lieu.

Les musiciens prirent place, la foule se serra davantage, cris et sifflets se mêlant à une voix douce devenue inaudible, tentant de saluer un public ne la méritant pas. La musique commença enfin. Pourtant, la salle ne se restreignit nullement, s’agitant et gesticulant sans grand intérêt. Que faire si ce n’est d’observer ce qui m’entourait. Mes yeux ne pouvaient se détacher des personnes m’encerclant. Je tentai d’écouter un tant soit peu la balade d’introduction. Rien n’y fit. Quelques zouaves me scrutèrent avec étonnement, voire avec mépris. Qui sait ? Ces gens semblaient avoir nullement l’habitude de voir un misanthrope en pleine action.

Le pseudo-public applaudissait encore lorsque je m’éclipsai. Ce fut agréable, doux mais horriblement oppressant. Exactement le genre de musique à écouter avec un être cher … A peine sorti, je me réfugiai dans le premier bar venu. S’ensuivit alors une énième perte dans l’ivresse, histoire de tuer quelques réminiscences. Complètement hagard, je me réveillai le lendemain matin au beau milieu du square Gambetta, entouré d’enfants et de leurs nourrices malgaches.

————————————————————————————————————————————————————————————

23h, 4°C et aucun vêtement me permettant de pouvoir dormir dehors sans faire une putain d’hypothermie. La mort dans l’âme, je finis par céder : j’appelai Natacha. Une grande et pulpeuse brune complètement folle, rencontrée lors d’un marathon d’ébriété. Celle-ci décrocha immédiatement, me reprocha de ne lui avoir donner aucune nouvelle depuis la dernière nuit passée ensemble … Enfin, elle me demanda avec hésitation si l’on pouvait se voir prochainement. Tout de go, je lui répondis pouvoir la retrouver d’ici peu de temps, faignant de me libérer pour elle. Bien que l’ayant vu deux ou trois fois seulement, lui mentir ainsi me fit monter les larmes aux yeux. Je partis de chez elle à l’aube, ne pouvant assumer son regard si elle devait me demander de rester auprès d’elle.

Après avoir bousillé tout ce que j’avais en réserve (entourage, argent, énergie, santé et drogues), je me retrouve de nouveau au point de départ. 8 ans de survie semble ne m’avoir nullement appris à réagir pertinemment alors que je viens de me faire virer une énième fois de chez moi. Je sais bien que s’installer stupidement dans un appartement sans contrat en bonne et due forme équivaut à se faire éjecter à n’importe quel moment. Mais la pilule ne passe pas. Pas maintenant. Ces deux derniers mois furent bien trop intenses en ressenti pour être capable de réagir rationnellement. Nous sommes samedi, la semaine prend fin, et je pense pouvoir dormir d’ici le week-end prochain. Si tout se passe bien.

Signaler ce texte