Nobody knows -les beaux yeux clos de Sui- Chapitre Premier

Juliet

-Il semblerait à présent que cela suffise !

Un orchestre disharmonique a retenti dans la salle et, au milieu de l'éclat de rire général, il y a eu le grand fatras d'une chaise qui tombe à la renverse. Par-delà l'hilarité commune, une voix masculine a poussé son cri plaintif tandis qu'en face de l'homme qui l'avait surpris, un adolescent se redressait tant bien que mal, honteux. Passant sa main dans ses cheveux rouges, il a massé son crâne pour apaiser sa douleur, et a levé son regard vers le professeur dont les traits crispés ne laissaient présager rien de bon.
-Vous êtes fou de m'avoir fait peur de la sorte, Monsieur, a-t-il marmonné.
-Peux-tu répéter ce que tu viens de dire ?
Il s'était penché vers lui, les nerfs tendus comme une corde raide sur le point de craquer, et sur cette corde l'élève avait l'impression de tenir en équilibre, menacé de se voir basculer par le moindre souffle de vent. Il s'est mis à marmonner du bout des lèvres :
-J'ai dit, Monsieur, que vous étiez...
-J'ai très bien compris ce que tu as dit, a tranché l'autre dont la rage n'était plus un secret.
-Mais, c'est vous qui m'avez demandé...
-Il suffit, Kisaki. Maintenant, tu me suis chez le directeur.
Son bras s'est resserré avec fermeté autour du bras du jeune homme qui s'est laissé faire, docile, tant la honte des regards posés sur lui l'écrasait.
-Et que pas un seul ne dise un mot jusqu'à mon retour ! a menacé le professeur avant de claquer la porte derrière eux.
Il s'est un peu calmé lorsque, traversant les couloirs à grandes enjambées, il a constaté le visage morne de l'adolescent qui demeurait étrangement muet.
-J'espère que cela te servira de leçon. Kisaki, je ne peux plus accepter que les cours soient perturbés à cause d'une seule personne.
-Mais, Yuki...
-Comment oses-tu m'appeler par mon prénom ?!

La violence dans sa voix était telle qu'elle a figé Kisaki sur place, et l'adolescent a dû se faire force pour ne pas fondre en larmes. Peut-être que Yuki le remarqua car alors, il sembla regretter sa réaction.
-Il arrive que l'on ne puisse plus se contrôler à force d'énervement, Kisaki. Échapper à son propre contrôle, tu dois savoir ce que cela fait, n'est-ce pas ? Bien. Je ne sais ce qui t'a pris, mais je t'interdis formellement de me manquer de respect à ce point. Tu as compris ?
-Je ne vous ai pas manqué de respect, Monsieur.
Feignait-il l'innocence pour le provoquer, ou bien était-il réellement inconscient de son affront, Yuki l'ignorait. Il s'est immobilisé subitement sous les yeux écarquillés du jeune homme pour le dévisager. Ses yeux luisaient d'un éclat qui n'était pas là l'instant d'avant. Embarrassé par cette situation, Kisaki a détourné le regard, livide.
Dans un soupir lourd d'exaspération, Yuki a repris sa marche, entraînant avec lui l'adolescent qui se laissait traîner avec flegme, les yeux dans le vide.
-Et à la fin, enlève-moi ça une bonne fois pour toutes.
-Je ne vois pas de quoi vous parlez, a gémi Kisaki qui commençait à sentir une douleur précisément là où Yuki le tenait.
-Ces lentilles que tu portes sur les yeux, enfin ! a-t-il explosé dans un grandiloquent geste d'énervement. Ces lentilles bleues, enlève-les une bonne fois pour toutes ! Est-ce que tu as besoin de te déguiser au lycée ? Ce n'est vraiment pas naturel, un tel accoutrement est interdit dans l'enceinte de l'établissement.
-Mais ce sont des lentilles de vue, Monsieur.
-Prends-en des transparentes, comme tout le monde.
-Je ne suis pas comme tout le monde, moi.
-Malheureusement... a-t-il soupiré comme il passait sa main sur son front creusé de fatigue. Et regarde-moi ces cheveux, Kisaki... Cela fait deux ans que je te dis d'ôter de ma vue ces cheveux rouges. Quel est ton problème avec ton apparence, à la fin ?
-C'est plutôt moi qui devrais vous demander quel est votre problème avec mon apparence, a-t-il bougonné, vexé. Laissez mes cheveux tranquilles.
-Ce n'est pas toi qui décides du règlement intérieur, insolent.
-Et vous, vous ne décidez pas de ma vie.
 

Yuki l'a fixé un instant, interloqué, mais sans souffler mot il a accéléré sa marche, forçant Kisaki à trottiner tant les enjambées de l'homme étaient grandes.
-Quoi qu'il en soit, a-t-il clamé avec autorité, j'ose espérer que ce petit séjour chez le directeur te fera le plus grand bien.
Il a fait volte-face comme il s'est rendu compte que depuis quelques secondes déjà, sa main serrée ne tenait que du vide. Indigné, il s'est approché de Kisaki qui appuyait ses paumes contre la fenêtre. Les yeux de l'adolescent étaient baissés vers le portail du lycée qui s'ouvrait en contrebas à quelques dizaines de mètres devant lui.
-Tu te moques de moi ! a éructé Yuki.
Il allait brusquement agripper le jeune homme lorsque celui-ci l'a stoppé d'un souffle :
-Vous parliez de ma couleur de cheveux, hein...
La surprise est venue se frayer un passage dans les traits de Yuki qui l'a considéré avec trouble.
-Qu'est-ce que tu dis ?
Kisaki ne répondait pas. Ses yeux demeuraient inlassablement rivés vers un même point précis et, c'est lorsque le professeur a vu cet étrange sourire s'étirer sur le coin de ses lèvres qu'il a enfin suivi la ligne de mire de l'adolescent.
Et ce que vit Yuki à son tour lui valut un sentiment palpable de malaise dont il ignorait la nature.
Comme si avec ce qu'il voyait arriver en bas, c'étaient les problèmes qui venaient.
-Dites, Monsieur, je ne l'ai jamais vu ici, je me trompe ?


Non, Kisaki ne se trompait pas. Pourtant Yuki n'a rien répondu à ce sujet et, la gorge sèche, il a dégluti, saisissant avec trop de précaution pour être autoritaire le bras de Kisaki.
-Allons-y, maintenant.
Il est resté planté là encore quelques secondes, les lèvres entrouvertes sur une expression de béatitude, et Kisaki a fini par s'exécuter pour suivre d'un pas dansant Yuki qui avait perdu toute sa contenance.
Et le sourire sur le visage de Kisaki éclatait pour témoigner de sa jubilation.
-Dites, Monsieur, vous croyez que le rouge et l'argent puissent faire une belle harmonie?

 
 
 
Yuki a surplombé sa classe d'un regard grave qui imposait le silence, avant de déclarer :
-Bien. Nous accueillons aujourd'hui un nouvel élève qui vient de changer d'école pour des raisons...personnelles. Je vous saurai gré d'être agréables avec lui et de lui apprendre les règles de notre établissement ; ce dont notre jeune ami semble avoir besoin...
Ce disant, Yuki rivait un regard insistant sur le nouveau venu qui sembla ne pas même avoir entendu la remarque. Que ses cheveux fussent argentés, cela lui était tout à fait naturel, et il ne pouvait imaginer un seul instant que quelqu'un eût pu être dérangé par cette excentricité.
-Qu'est-ce qu'ils ont tous avec leurs cheveux, a soufflé Yuki malgré lui. Bien, jeune homme, nous verrons cela plus tard. Veux-tu te présenter, je te prie.

Comme s'il prenait conscience pour la première fois que toute l'attention était rivée sur lui, le garçon a tressailli et s'est mis à observer avec frayeur tout ce petit monde qui ne le lâchait pas des yeux. Mais cette intimidation ne dura que quelques secondes et c'est en toute confiance que l'élève a adressé un sourire amical à ses camarades.
-Bonjour à tous, je me prénomme Terukichi. Je suis enchanté de faire votre connaissance.
Il s'est incliné sans plus attendre, dans l'expectative totale, et il s'est redressé, une moue aux lèvres. L'absence d'applaudissements lui semblait aussi malvenue que cette main que l'adulte à ses côtés posa sur son épaule.
-Bien, Terukichi, et c'est tout ce que tu as à dire ?
-Si je n'ai dit que cela, Monsieur, c'est sans doute que le reste n'a pas d'intérêt ou ne vous regarde tout simplement pas.

Le courroux brilla à travers les yeux de Yuki mais plutôt que d'exprimer sa colère, il envoya le garçon s'asseoir d'un geste de la main. Rayonnant de satisfaction, Terukichi s'installa au fond de la salle, jetant un œil de côté sur le jeune châtain à moitié couché sur son bureau. Était-il endormi, Terukichi l'ignorait, en tout cas l'individu sembla subitement s'éveiller lorsque son nouveau voisin arriva.
-Bonjour. Je me prénomme Uruha, je suis enchanté de te connaître. Dis, Terukichi, c'est ton nom ou ton prénom ?
-C'est mon nom entier, a-t-il rétorqué.
Il s'est fait force pour ignorer le garçon qui se penchait sur lui comme un scientifique se pencherait sur une espèce animal encore inconnue.
-Ton nom entier ? Ce n'est pas possible, ça. Ah, en réalité, c'est Teruki Chi ? Chi, ça s'écrit avec le kanji du sang ? Et Teruki, tu l'écris comment ? Avec les kanji de « clair » et de « rare » ou bien avec...
-Je me tairais, à ta place. Ce fou nous a à l'œil.
-Ce fou ?
-Je parle du professeur. Dis donc, il ne te manquerait pas une case, à toi ?

Teru lui a lancé un regard furibond dont le concerné se serait offusqué alors si la simple joie de s'être vu adresser un regard n'avait pas chassé toute acrimonie.
-Alors, Teruki, tu sais, il ne faut pas que tu t'inquiètes pour...
-Je m'appelle Terukichi, a-t-il martelé en accompagnant ses paroles d'un coup de poing sur la table.
Il guetta alors avec angoisse la réaction du professeur, mais celui-ci était plongé dans un soliloque monocorde qui lui valut d'être sauvé.
-D'accord, Terukichi, a concédé son voisin. Pour la remarque désobligeante qu'il a faite sur tes cheveux, tu ne dois pas t'en soucier. Il est comme ça avec Kisaki depuis deux ans aussi, tu sais, mais en réalité, c'est un gentil professeur, dis... Tu ne dois pas t'occuper de ce qu'il dit.
-Ai-je le droit de ne pas m'occuper de ce que tu dis également ? a soupiré Terukichi qui, déjà, voyait son arrivée ici comme le début d'un long et douloureux calvaire.
-Terukichi, je peux te poser une question ?
Pour toute réponse, il reçut un regard torve, mais cela n'eut aucun effet sur le jeune homme qui émit un sourire complice. Le souffle de ses lèvres a chatouillé l'oreille de Terukichi qui a frémi, agacé.
-Dis, ne serais-tu pas homosexuel ?
-Pas vraiment, a-t-il répondu sans étonnement. Je n'ai jamais réfléchi à ce sujet. Je ne crois pas l'être, je dois dire. Pourquoi cette question ?
-Ah, je suis vraiment désolé. J'espère que je ne t'ai pas vexé, mais en te voyant, j'ai juste cru que tu étais homosexuel.
-Tu veux dire que je ressemble à un homosexuel ?

Pour la première fois, Terukichi semblait porter un intérêt certain à son camarade qui n'en gagna que plus d'emphase.
-Oui, je dois dire que c'est le cas. Tu ne dois pas mal le prendre, tu sais...
-Alors, c'est parfait !
-Pardon ?

Uruha l'a considéré comme s'il venait de découvrir la folie cachée derrière ce visage d'ange, mais Terukichi semblait ne pas le voir car alors, le monde entier autour de lui avait disparu pour ne laisser place qu'à un seul et unique élément.
Cet élément dont il faisait sa cible et pour lequel ses yeux éclataient de ravissement.
-Alors, c'est parfait, Uruha. Puisque les choses seront ainsi plus faciles, c'est parfait.

-Et cela, Terukichi, c'est le toit.
Alors qu'il se penchait par-dessus la rambarde pour admirer les cerisiers du campus encore en fleurs en ce radieux mois de mai, Terukichi s'est retourné, étirant sur ses lèvres la grimace ostensible de celui qui ressent du dégoût vers Uruha.
-Je le sais, que c'est le toit.
Uruha a hoché la tête d'un air assenti avant de s'avancer timidement jusqu'aux côtés du jeune homme. Il a regardé, émerveillé, Terukichi qui tendait ses mains à l'extrême dans le vide comme s'il essayait désespérément d'attraper un trésor invisible.
-Et puis, tu n'as qu'à m'appeler Teru.
L'autre l'a affublé d'un sourire qui eût pu évincer le soleil tant son éclat irradiait.
-Alors, c'est ainsi que tu t'appelles ? C'est ton prénom ? Teru ?
-Pourquoi est-ce que tu t'excites ? À la fin, serais-tu stupide ? Mon prénom est Terukichi. C'est juste que c'est trop long à prononcer.
-D'accord, Teru. Mais, ton nom de famille, qu'est-ce que c'est ?
-Il ne te sert à rien de le savoir.
-Bien sûr que si, ça sert.
Le sang de Teru n'a fait qu'un tour et il allait exploser avant que subitement, il ne se ravise lorsqu'il réalisa que Uruha n'avait pas prononcé ces mots.
-Tu pourrais me répondre, quand je te parle.

Teru a fait volte-face et s'est fait force pour ne pas lâcher un juron à l'intention de ce jeune inconnu dont le seul visage était une provocation même. Le jeune homme dégageait une aura dont l'assurance était proche de l'insolence, et à cette vision désagréable, Teru ne put réprimer une grimace. Il a eu un mouvement de recul et s'est cogné dos contre la rambarde. Muet, il regardait avec impuissance s'approcher cette créature étrange dont la couleur des yeux rappelait autant le Ciel que ses cheveux rougeoyants rappelaient les flammes de l'enfer.
-Toi, le nouveau. Ce n'est pas parce que tu es ici le seul à avoir teint tes cheveux en argenté que tu dois faire le malin.
Teru s'est demandé, mi-agacé mi-ahuri, si l'individu croyait vraiment que la couleur de ses cheveux était la raison de ce qu'il semblait prendre pour de l'arrogance, mais il n'eut pas le temps de trouver la réponse que déjà, une main ferme l'empoignait par le col de sa chemise.
-Quand Atsuaki te pose une question, tu y réponds. C'est aussi simple que cela.
-Atsuaki ? a répété Teru que la promiscuité menaçante de l'inconnu n'intimidait nullement.
-Takeshima Atsuaki, c'est mon vrai nom, bien sûr, est intervenu Uruha.
L'autre a relâché Teru dont les yeux fusillèrent l'indésirable de toute leur haine.
-Et après, l'on m'accuse de ne pas donner mon nom, a-t-il cinglé avec amertume.
-Mais toi, tu es nouveau, et tu fais ce que l'on te dit.
-Kisaki, laisse-le, se précipita Uruha qui n'avait que trop bien su lire la violence réprimée dans ces yeux de glace. S'il ne veut pas, il a une raison, n'est-ce pas ? Pourquoi l'y forcer ?
-Parce qu'il a forcément une raison, justement. Abruti, cet insolent ne veut pas dire son nom comme s'il ne voulait pas que l'on sache qui il est. Tu es un espion, ou quoi ?
-Ce que je sais est que tu es complètement malade, a craché Teru dans son mépris. Au moins, quel bonheur de ne pas t'avoir dans ma classe.
-Tu crois cela ? a-t-il rétorqué dans un rire dégoulinant d'acidité. Eh bien, quel malheur que de t'avoir dans la mienne.
-Pardon ? s'est étranglé Teru.
Il a senti une déréliction intense s'abattre sur ses épaules.
-Tu es dans ma classe ici, minus, et tu as plutôt intérêt à faire ce que je te dis.
-Minute, si tu es dans notre classe, pourquoi donc est-ce que tu n'étais pas là durant les deux premières heures de cours ?
 

Soupir. Kisaki a continué à le jauger de toute sa hauteur en silence, avant de lever les yeux au ciel dans une longue plainte d'épuisement.
-C'est bon. Tu as gagné pour cette fois. Mais ne t'avise plus de me provoquer.
Terukichi l'a suivi des yeux tandis que Kisaki tournait les talons et s'éloignait d'un pas traînant, les mains dans les poches.
-Ce mec est complètement barge, a-t-il déclaré à l'intention d'Atsuaki.
-Il a été envoyé chez le Directeur. C'est la raison pour laquelle il n'était pas là, a-t-il soufflé au creux de son oreille.
-Alors comme ça, un sale voyou se croit en droit de me faire la loi ?! s'est insurgé Teru, hors de lui.
-Je ne suis pas un voyou ! riposta Kisaki dans un volte-face immédiat. Toi, Uruha, ne peux-tu pas te taire ?
-Mais je ne pensais pas que tu entendrais, Kisaki, a bougonné celui-ci dans une moue chagrine.
-Justement ! Ne parle pas derrière mon dos ! Et toi, là, a-t-il proclamé en pointant un doigt accusateur sur Teru. Tu ne serais pas un fils de criminel, un reclus de la société, n'est-ce pas ?
Un craquement a retenti et Kisaki a poussé un hurlement de douleur sous les yeux horrifiés d'Uruha. Le poing crispé de Teru entourait le doigt de Kisaki qui avait été la cause de ce sinistre craquement.
-Kisaki !
 

Atsuaki s'est précipité sur Teru pour forcer celui-ci à relâcher sa victime, mais le mal était fait et Kisaki exorbitait ses yeux sur son doigt tordu dans laquelle la douleur pulsait et se diffusait, meurtrière. Mais lorsqu'il reporta son attention sur Terukichi, ce n'était ni de la haine, ni de la crainte qui se lisait dans ses traits. Cela ressemblait plutôt à une incompréhension mêlée d'admiration.
-Un criminel, tu dis ? a répété Teru en expectorant à ses pieds. Écoute-moi bien, le Rouge, et retiens ce que je vais te dire : si jamais se trouvait le moindre criminel devant moi, quel qu'il soit, je l'étriperais à mains nues.
Sur ces mots, il s'est défait de l'emprise d'Uruha avec une force incommensurable à sa stature et, toute animosité ayant disparu de son visage comme si rien ne s'était passé, il leur a adressé un salut de la main et les a laissés seuls dans leur hébétude.
Derrière son dos, il a dû lutter pour ne pas prendre garde aux regards avides qui le brûlaient.

 
Il y a eu un rayon de lumière aveuglant, un garçon prostré qui se protège les yeux, et le bruit sourd de quelque chose qui s'effondre, un corps, et dans un élan de panique, ce même corps qui s'avance pour toucher celui du garçon recroquevillé qui sursaute dans un cri de terreur.
-Bon sang, idiot, mais qu'est-ce que tu fais ?
-Pardon, Monsieur, murmure l'adolescent, penaud.
À travers la lumière qui pénètre à l'intérieur de sa cachette, son visage semble dangereusement blafard. Agenouillé en face de lui, un homme le dévisage, les yeux brillant d'inquiétude.
-Tu ne peux pas savoir la peur que j'ai eue quand j'ai vu que tu avais disparu.
-Je n'ai pas disparu, Monsieur, puisque je suis là.
-Ne joue pas avec les mots, gronda l'homme avec sévérité. Maya, est-ce que je peux savoir pourquoi est-ce que tu profites de mon absence pour venir te cacher dans ce placard ?
-Mais, je trouvais qu'il y avait trop de lumière ici, a couiné l'autre.
-Tu te moques de moi ?
-Non, je vous le jure.
-Alors, tu n'avais qu'à fermer les volets.
-Mais j'ai pensé que cela vous gênerait pour travailler. Monsieur Aiji...


L'homme qui s'appelait Aiji a fermé les yeux et, délicatement, s'est mis à masser du bout des doigts ses paupières. Ce geste d'apparence inutile lui était un bon remède pour s'apaiser et lorsqu'il rouvrit enfin les yeux, c'est d'un ton plus serein mais ferme qu'il s'adressa à l'adolescent :
-Tu sors d'ici, maintenant. Si c'est pour faire le pitre, tu retournes en cours.
-Vous voulez dire que je dois faire le pitre en cours ?
Hésitant entre la colère ou l'abattement, Aiji a été trop déstabilisé pour réagir. Ce n'est que lorsqu'un léger effluve parvint à ses narines qu'il fut alerté.
-Attends une seconde, Maya...
À genoux, il s'est penché prudemment vers le jeune homme qui, prostré au fond de son armoire, sentit son cœur rater un battement. Tout contre lui, Aiji humait cette odeur qui, Maya le savait, allait le trahir d'un instant à l'autre.
-Nom de Dieu.
Maya n'eut pas le temps d'appréhender une réaction qu'il se sentit brusquement tiré en dehors de l'armoire dans un cri de panique.
-Lâchez-moi ! s'est-il lamenté, bien plus par honte que par peur. Vous n'avez pas le droit !
-Donne-moi ce que tu caches dans ta main, Masahito.

Mais plus Maya résistait, plus l'homme perdait patience et le jeune homme a fini plaqué au mur par la force presque surhumaine de cet homme qu'il dépassait pourtant d'une dizaine de centimètres. Il s'est laissé faire, résigné et meurtri par l'humiliation, lorsque comme un policier l'autre s'est mis à le fouiller à travers ses vêtements.
-Cela, a-t-il dit en sortant un minuscule sachet transparent de sa poche.
-Monsieur, ce n'est pas moi, c'est...
-Et cela ! a-t-il éructé en arrachant de force le joint consumé que le garçon tenait dans ses mains. Maya, dis-moi un peu ce que c'est que tout cela.
-Mais vous le savez très bien, ce que c'est, a-t-il marmonné avec accablement. Si vous ne le saviez pas, vous ne me gronderiez pas.
-Bon sang Maya, mais où as-tu pu trouver toutes ces horreurs au Japon ?
-Vous venez de le dire : au Japon.
Aiji s'est tu, stupéfait, et devant lui le visage de Maya devenait blême comme il attendait simplement de disparaître sous terre.
-Tu te moques de moi, Yamazaki Masahito.
-Je ne suis pas en mesure de me moquer de vous, étant données les circonstances...


C'est ce regard d'un brun si clair, mouillé de supplice, qui a attendri le cœur d'Aiji. Alors qu'il se sentait flancher, l'homme s'est fait force pour ne pas démordre et c'est avec une autorité presque agressive qu'il a scandé :
-Maya, tu sais qui je suis, n'est-ce pas ? Je suis l'infirmier de cette école, et tant que je me tais quant à tes activités secrètes, tu ne risques pas grand-chose si ce ne sont des remontrances, pas vrai ? Seulement, Maya, si je décidais de mettre enfin un terme à cette situation, sais-tu les risques que tu encours, toi et ta satanée drogue ?!
-Vous ne pouvez pas me dénoncer à la police, Monsieur !
-Je le ferais si j'étais un citoyen honnête !
-Ne le soyez pas, je vous en prie !

Et le jeune homme de désespérément se jeter sur lui dans la tentative de récupérer son bien.
Mais il fut repoussé avec une violence telle qu'il s'écrasa contre le mur, et une douleur percutante se diffusa à travers tout son dos pour se répercuter jusqu'à l'intérieur de son crâne. Meurtri, Maya a serré les dents pour réprimer le cri qu'il avait senti monter dans sa gorge.
-Ne m'oblige pas à agir aussi bassement que toi, Masahito. L'année scolaire n'a commencé que depuis un mois, et sais-tu déjà combien de problèmes as-tu pu me poser ? Toutes ces fois où tu sèches les cours, toutes ces fois où tu viens m'importuner ici sans raison valable... Je me demande comment est-il possible que Monsieur le Directeur ne t'ait pas encore foutu à la porte de ce maudit établissement !
-Parce qu'il est connu que le Directeur n'est qu'une ordure.
Il avait déballé ces mots avec la plus parfaite candeur, et c'est peut-être ce qui choqua le plus Aiji alors. Ce n'est que lorsqu'il s'aperçut de l'expression de surprise sur le visage de l'homme que Masahito réalisa son erreur et alors, il voulut implorer son pardon avant qu'Aiji ne l'entrave :
-Pourquoi est-ce que tu dis une chose pareille, toi ?
-Mais ce n'est pas moi qui le dis, marmonna-t-il en prenant soin de ne pas croiser son regard. Toute la classe est au courant.
-Au courant ? Au courant de quoi, Masahito, je te prie ?
-Je ne sais pas, moi, a-t-il gémi comme il s'attribuait tout le poids du monde. Tout le monde le sait, voilà tout. Le directeur n'est qu'une ordure égoïste et injuste.
-Bien, a clamé Aiji tandis que son air crispé témoignait de son désaccord. Maya, veux-tu bien sortir de cette infirmerie, s'il te plaît, et surtout, je ne veux plus jamais t'y revoir.
-Pourquoi est-ce que vous me punissez ? s'est-il exclamé, indigné.
-Inutile de jouer aux offusqués, rétorqua Aiji d'une voix sèche. Il me semble que pour commencer, tu n'as rien à faire ici, car je refuse d'avoir des ennuis à cause d'un petit parasite en ton genre. De plus, il ne t'est pas donné l'autorisation de dire du mal de qui que ce soit sans aucun fondement.
-Je ne suis pas un parasite, s'est-il défendu. Et puis, ce que je dis n'est-il pas vrai ? Lui, cet homme... Tout le monde sait que tout ce qu'il cherche, c'est à renvoyer Yuki.
-Pardon ?
-Mais oui, Yuki, a-t-il insisté. Ne faites pas semblant de ne pas savoir de quoi je parle. Moi, je sais tout et... Monsieur, il ne faut pas le laisser faire. Yuki ne doit pas être renvoyé, non, ça, jamais, parce que Yuki est si gentil, vous savez, et ô combien est-il rare de rencontrer une personne intègre et gentille comme lui dans ce monde, Monsieur, Yuki est vraiment un bon professeur, et un homme merveilleux, c'est la vérité, et d'ailleurs, même Kisaki, il...
-Il y a des choses qui ne se disent pas.
 

Maya et Aiji ont sursauté en chœur. Brusquement la porte de l'infirmerie s'était ouverte, et était apparu sur le seuil un Kisaki effarouché dont les cheveux étrangement désordonnés semblaient avoir subi une bataille.
-Toi, le drogué, tu devrais au moins savoir cela, n'est-ce pas ?
-Bonjour, Kisaki, a simplement répondu Maya. Que me vaut le plaisir de ta visite ?
-Et qui te dit que je suis venu pour toi, impertinent ?
Un soupir résigné s'est échappé d'entre les lèvres de Maya et il a hoché la tête avec assentiment, le regard terne.
-Bon, d'accord, je suis venu pour toi, a admis le jeune homme qui, depuis le début, n'avait pas prêté la moindre attention à l'infirmier. Maya, sors d'ici maintenant.
-Pourquoi le devrais-je ?
Poussant un nouveau gémissement, Maya s'est affalé sur le lit, abattu.
-Parce que tu n'as absolument rien à faire ici !
-Parce que le nouveau est drôle à voir.
Aiji et Kisaki avaient répondu au même moment et, bien que la voix d'Aiji fût bien plus forte sous l'effet de la colère alors, c'est celle de l'adolescent qui retint l'attention de Maya. Celui-ci s'est redressé, interloqué, et s'est approché de son ami.
-Un nouveau, tu dis ?
-Tu n'écoutes rien quand on te parle, toi.
Une main tendue s'est présentée sous les yeux couleur miel de Maya. Et comme si cette main-là était totalement détachée de l'image de Kisaki, le jeune homme l'a fixée comme une étrangère, avec un mélange de méfiance et de fascination.
Alors, sans souffler mot, il a posé sa main au creux de la sienne et lentement, s'est retourné vers Aiji qui semblait décontenancé.
Le garçon et l'homme se sont dévisagés longuement, l'un dont les yeux brillaient de cette colère mêlée de trouble, tandis que ceux de Maya semblaient vidés de toute vie.
-Quittons ce fou une bonne fois pour toutes.
L'espace d'un instant, Aiji pensa que Maya avait parlé car alors, c'était sa voix qu'il avait cru entendre. Mais parce que le garçon n'avait cessé de garder les lèvres closes, Aiji s'est dirigé vers Kisaki, l'air grave.
-Est-ce que tu peux répéter devant moi ce que tu viens de dire, Kisaki ?
Un rire amer a échappé à l'adolescent qui s'est mis à jauger l'homme avec la plus parfaite condescendance.
-Je n'ai absolument rien dit, moi.
-Au contraire, ne me prends pas pour un idiot, jeune homme. Est-ce que c'est moi que tu viens de traiter de fou à l'instant ?
Alors, les yeux bleu profond de Kisaki sont venus croiser le regard de Maya, et dans un échange tacite, les deux amis se mirent à rire sous les yeux interloqués d'Aiji.
-Vous ne comprenez vraiment rien, vous, a rétorqué Kisaki.

Sans plus attendre, il a tiré Maya en dehors de la pièce et les deux garçons se sont éloignés, portés par la démarche naturelle et légère de ceux dont rien, pas même leur vie propre, ne pèse sur les épaules.



-Bien, a déclaré Yuki avec une pointe de soulagement traîtresse lorsque la sonnerie de fin de cours a retenti. Vous pouvez sortir, en silence... En silence, Monsieur Takeshima ! Bien, allez-y... Vous, restez un instant, je vous prie.
Alors qu'il se laissait guider par Kisaki, Terukichi s'est retourné, et dans ses yeux brilla une lueur innocente de crainte.
-Moi ? a-t-il fait en pointant son index vers le bout de son nez.
-Toi, Terukichi. J'ai à te parler.
Le jeune homme a adressé un regard de détresse à Kisaki qui s'est contenté de ricaner et au même moment, Uruha est passé à côté de lui non sans passer une subreptice caresse dans ses cheveux.
-Il est du genre à aboyer. Jamais à mordre.

C'est malgré tout avec une déconfiture flagrante que, après que ses camarades furent partis, le jeune homme s'est timidement avancé vers son professeur, accablé d'une culpabilité dont il ignorait encore la nature. Il s'approcha plus encore lorsque Yuki l'y en invita d'un geste de la main, et il a attendu, résigné, la sentence. Yuki a rivé sur lui un regard profond de noirceur.
-Bien, Terukichi, a-t-il solennellement déclaré. Comme tu es nouveau ici et que j'ignore quelles étaient les règles de ton ancien établissement, je n'ai rien dit jusque-là, mais permets-moi de te faire remarquer qu'une telle couleur de cheveux est interdite dans notre lycée.
Teru a simplement hoché la tête, mais son air hébété signifiait qu'il n'avait pas compris.
-Ce que je veux dire est que le plus tôt possible, je voudrais que tu cesses de te présenter ici avec ces cheveux argentés, a insisté Yuki.
-Mais, Monsieur, je ne comprends pas. Kisaki a les cheveux rouges...
-Et Kisaki n'est pas la personne que je te recommande de fréquenter, a-t-il clamé sans emphase pour couper court à la conversation. Voilà depuis deux ans que je lui somme d'arrêter ce stupide accoutrement, mais il n'en fait qu'à sa tête.
-Alors, Monsieur, si après tout ce temps Kisaki n'est pas renvoyé, c'est que ce n'est pas interdit, pas vrai ?
-Puisque je te dis que ça l'est, arrogant. Tu commences fort en arrivant ici. Tu crois pouvoir faire ton malin devant toute la classe, mais auprès de moi, ça ne marche pas. Si d'ici la semaine prochaine je te vois encore avec ces cheveux ridicules, je ne t'accepterai plus dans mon cours.
-C'est plutôt une bonne nouvelle, non ?

Yuki l'a considéré, muet, et par-delà le visage de marbre de Teru, il ne pouvait voir la jubilation victorieuse qui l'assaillait.
-Tu veux peut-être que je convoque tes parents dès ton arrivée, Terukichi ?
Il n'en fallut pas plus pour détrôner toute la fierté de Teru qui en devint blême.
-Non, Monsieur, je ne voulais pas vous provoquer...
-Alors, je te conseille de ne plus avoir cette couleur dès lundi.
-Que peut-il y avoir de mal à porter une telle couleur ? a gémi le garçon dans sa détresse. Où est le crime là-dedans ? N'est-ce pas joli ?
-Je me moque de ce qui est joli ou laid à voir, je te dis que c'est interdit, a articulé Yuki dont l'impatience commençait à se faire ressentir dans les trémolos de sa voix.
-Ce qui est joli n'a aucune raison d'être interdit, Monsieur.
-Ne joue pas au malin avec moi, Teru, je suis quelqu'un de patient mais au bout d'un moment, je...
-Si ce qui est joli est interdit, vous devriez être interdit aussi.

Silence.
Peut-être pour déterminer le véritable sens caché dans les paroles du garçon, Yuki s'est mis à sonder son regard avec une insistance telle que Teru se fit force pour ne pas baisser les yeux.
-Je plaisantais, a-t-il fini par dire, penaud.
Un soupir las s'est échappé dans les airs et Yuki a passé ses mains sur son visage, massant du bout des doigts son front strié de rides d'épuisement.
-Bien, écoute-moi, Terukichi. Je ne tiens pas à créer de mauvais rapports avec mes élèves, mais si tu n'es pas capable de respecter le règlement, alors je...
-Vous savez, l'année dernière, mon meilleur ami s'est suicidé.
 
 

Un malaise s'est installé sur Yuki qui, cette fois, l'a considéré avec componction.

-Qu'est-ce que tu racontes ?
-Il s'est suicidé... a répété Teru, et son regard flottait dans le vide comme s'il avait perdu tout point d'ancrage à la réalité. Il était persécuté dans sa classe par la personne qu'il aimait... Cette personne avait fini par liguer tout le monde contre lui et alors, par terreur mais aussi par chagrin d'amour, il s'est suicidé... Il a voulu s'envoler du haut d'une fenêtre mais les êtres humains ne volent pas, Monsieur.


Et ce silence, ce silence imprégné de lourdeur qui demeurait en suspens, ce silence qui semblait sortir des lèvres mêmes de Teru mais qui pourtant, était là parce qu'il ne sortait plus rien de ces lèvres, ce silence pesant qui s'imposait comme l'hommage d'un mort, ce silence d'un ange qui passe mais qui ressemble plus à l'enfer, c'est celui-là qui a enveloppé Yuki.
Un silence froid qui a resserré ses bras autour de la poitrine de l'homme à travers laquelle bientôt, l'air arrêta de passer.
-Terukichi, écoute-moi...
-C'est parce qu'il avait les cheveux argentés qui le rendaient si beau que j'ai décidé de lui rendre hommage de cette manière.

 

Et pourquoi Yuki se sentit désolé à ce point, il n'aurait su le dire. Peut-être à cause de la voix innocente qui s'était brisée sous le coup d'une émotion enfouie brusquement ressurgie, peut-être parce que les yeux vides de Teru s'étaient emplis de larmes, ou peut-être simplement le fait de se dire que s'il pleurait, c'était un peu de sa faute.
-Terukichi, a-t-il doucement articulé. Je comprends ta douleur mais... Sache que porter un deuil trop longtemps ne pourra que te nuire.
-Mais il n'y a pas de trop longtemps, Monsieur.

Il a bruyamment reniflé et a baissé les yeux dont deux larmes se mirent à perler et, glissant lentement le long de ses joues, se sont écrasées en chœur sur le sol.
Yuki a longtemps fermé les yeux, comme s'il réfléchissait, gardant son front appuyé contre ses deux mains reliées en un signe de prière.
-Bien, Terukichi. Je passe l'éponge pour cette fois. Mais que ce soit pour ton bien ou par simple respect du règlement, je t'en prie, réfléchis à ce que tu dois faire.
-Oui, Monsieur.
Il a grossièrement essuyé ses larmes d'un revers de manche sous le regard troublé de Yuki, avant de lui adresser un sourire aussi timide qu'il était empli de chaleur.
-En réalité, vous êtes gentil, Monsieur. Cela se voit.

Nulle émotion ne s'est laissé paraître sur le visage de marbre de Yuki, mais la voix tendre de celui-ci ne laissait aucun doute quant à son émotion.
-Va t'en maintenant, jeune homme.
Alors Teru s'est sagement incliné et sans plus attendre, s'est précipité vers la porte.
-Au fait...
Il s'est retourné, et Yuki crut voir alors sur ce visage encore humide les traits d'une peur inexplicable.
-Ton nom de famille, Terukichi... Est-ce que par hasard...
Et Terukichi a attendu, le cœur battant, que l'hésitation de Yuki ne prenne fin. Et c'est d'une voix basse, comme s'il ne voulait pas vraiment être entendu, que l'homme a prononcé :
-Par hasard, tu ne connaîtrais personne... qui ait déjà été dans notre établissement, Terukichi ?
De la peur, l'expression du garçon passa à celle de la surprise totale, et c'est par pure curiosité qu'il a semblé demander :
-Non, Monsieur, pas du tout. Il y a un problème ?

Et si problème il y avait, comme l'inquiétude flagrante sur le visage de Yuki semblait le dire, alors celui-là ne serait jamais connu du garçon, car son professer se mit à lui sourire avec assurance.
-Non, Terukichi. Il n'y a rien. Je te remercie de ton attention, tu peux y aller à présent.
Cette fois, c'est sans prendre le temps de le saluer que Teru s'est mis à courir, encore et encore, il a couru à en perdre haleine à travers les couloirs, comme s'il fuyait quelque chose, et ce n'est que lorsqu'il se retrouva sous le chaud soleil du mois de mai qu'il se mit à respirer.

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