Noctem

Rima Vya

Apogée.

Il y a ces couples se baladant joliment main dans la main, et il y a ces badauds qui font semblant de ne pas les voir. Les ignorer pour ne pas se laisser creuser ce manque qui les incombe au fond d'eux. Sentir une absence et se dire que les jours s'étalent, dans un flux monotone et fade. L'écoulement du temps se fait identique, se joue de notre patience pour enfin nous ouvrir les yeux sur cette insignifiante existence.

Ou bien, dénuée de couleurs. Cette existence dans laquelle un détail pourrait faire écrouler les édifices. Une présence nouvelle, entrée par cette porte invisible au fin fond de notre imagination. Cette personne retrouvée. Un amour naissant. Au fur et à mesure, le cœur reprend vie, s'active et prend des couleurs. Un rouge sang délicieusement enivrant qui vous monte aux joues... Un baiser rouge et brillant sur ses lèvres.

Partager. Sourire et s'endormir, attendri, sur sa poitrine battante.

Alors il lui prend l'autre main et se rend compte que même sous ses gants, sa peau est glacée. Elle tremble et lui, se sent un peu maladroit devant ce bout de fragilité. Ils se sourient tendrement. On voit qu'ils s'aiment…

C'est le soir… ou la nuit, on ne sait pas trop. Il fait trop sombre pour le dire. Et puis, l'hiver ne fait qu'étaler un peu plus l'obscurité sur la ville… Ils s'installent dans ce douillet restaurant parisien où ils se sont vus la semaine dernière, dans une lueur fantaisiste de leur esprit. Ils s'étaient promis d'y revenir aussi tôt que possible. Alors les voilà attablés dans ce joli coin de tranquillité, à se prouver qu'ils ne pourront plus jamais se passer l'un de l'autre. Au fond, ils savent que ce n'est qu'une utopie et qu'un jour ou l'autre, viendra le moment de se séparer… L'idée traverse leur esprit embaumé de doux mots d'Amour, effleure leur conscience puis s'évapore.

Ils sont à présent allongés sur leur lit, la couverture rabattue sur leurs corps enlacés. Il est 2h. Le bruit des voitures se fait indistinct, étouffé par la fenêtre de la chambre. Un unique halo de lumière traverse la chambre. Il n'arrive pas à distinguer son visage, seulement les contours, mais il sait à quel point elle est belle - il lui suffit de fermer les yeux et de la revoir sourire.

Ils ne parlent plus. La fatigue sûrement. Seulement l'intimité du silence les emporte loin d'ici. Dans un monde où seuls ces deux êtres auraient accès. Ils ne pensent plus à leurs soucis quotidiens, oublient les visages de leurs proches et se laissent divaguer dans ce flot d'Amour qui les lie.

Il la désire, intensément. Elle et son souffle. Sa jambe effleurant la sienne, sa chaleur . . . Il voudrait se retourner, dépasser les frontières chastes de cette nuit et lui caresser le visage. Elle sourit. C'est elle qui se penche sur lui. Elle l'embrasse. Leurs lèvres humides se cherchent, se heurtent doucement puis se mêlent enfin…

Le désir est alors acméique

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