La rue vide ne brille que des jaunes candélabres. Sombres maisons, grises façades, fenêtres noires. L'une, aveugle, n'entonne que des airs macabres. Des volets de bois cachent des misères. D'autres, volets roulants en moderne plastique, abritent derrière leur suffisance discrètes opulences ou luxe tapageur. Quoi qu'il en soit de leur caste ou de leur rang, on n'en aperçoit aucune lumière. Tout au plus, sur le côté d'une cheminée faisant rempart en haut d'un pignon contre le harassement du vent dominant, à peine une vague lueur projetée, lâchée vers le ciel depuis un vasistas invisible. Il y a là quelqu'un qui veille. Insomnie ? créateur ? accro de numérique et de jeux vidéo ? La rue fait silence sur l'insu de cette existence. N'est-ce pas simplement une lampe oubliée dans un réduit sans meubles ? Pourtant on en sait des vies, ici côtoyées, assemblées et confondues dans le sommeil qui tue toute distinction.