Noël.

C'était un beau soir d'hiver. Les arbres étaient dénudés, le sol avait enfilé son manteau de neige. Sur les trottoirs, les quelques enfants transformaient un morceau de neige en une boule bien ronde, qu'ils envoyaient à leurs camarades. Ils avaient le sourire aux lèvres et le nez tout rouge,les mains gelées. Et puis, il y avait lui. Cet homme qui peinait à marcher droit. Il avait enfoncé sa capuche sur sa tête, et baissait le visage pour cacher ses larmes. Lui, il n'avait pas le sourire. Un gamin lui envoya une boule de neige, mais l'homme ne répondit pas à son invitation à jouer avec lui. Non, il n'avait pas la tête à ça. Il fouilla dans son sac déchiré à la recherche d'un peu de nourriture, de quoi tenir pour la soirée. Après de nombreuses tentatives vaines, il abandonna et s'allongea au sol, sur la neige froide, le ventre vide. Et il se remit à pleurer. Cet homme n'avait pas de maison, ni de famille. Et il y avait moi. Une jeune femme au corps bien élancé. Je me dirigeais vers ce pauvre homme, et m'accroupis devant lui. Je lui offrit tout un buffet. Non, je ne roulais pas sur l'or. Mais personne n'a le droit d'être seul, abandonné. Je m'allongea près de lui, le temps qu'il eut engloutit son repas. Après ceci, je l'emmena chez moi, et nous passâmes Noël ensemble. Il souriait, maintenant. Il était heureux. Non, personne n'a le droit d'être seul ni abandonné. Et surtout, personne n'a le droit de passer Noël seul.