Nos vraisemblances - Chapitre 2

Alicia Lo

Amélia

Ça fait deux semaines que je n'ai pas été au code. Je sais, je sais, ce n'est pas bien mais j'avais vraiment trop la flemme ! Mais bon, c'est les vacances alors je n'ai plus d'excuses… Ça me saoule tellement de faire plein de fautes et je ne connais personne à l'auto école ce qui me désespère profondément.

J'entre dans la salle et je m'assois à ma place habituelle. Quelques secondes plus tard, la blonde de la dernière fois fait son entrée, un skate sous le bras. C'est quoi au juste cette fille ? J'avoue ne pas avoir pensé à elle depuis ma dernière séance. Elle se dirige vers moi mais cette fois elle prend place juste à côté de moi. Je sais que la salle est blindée, mais ce n'est pas une raison suffisante !

Elle passe encore son temps à m'épier. C'est perturbant et ça me déconcentre énormément ! À la fin de la dernière question, une voix aigüe me fait lever mon nez de mon boîtier.

« Alors, t'as fais combien de fautes ? » Me demande ma curieuse voisine.

« Seize. »

Elle me regarde et un sourire s'esquisse au coin ses lèvres.

« T'inquiète, c'était une série de merde de toute façon ! »

Ces mots me soulagent et la tension accumulée dans mon corps disparaît en un battement de cils. Je l'observe attentivement et plus je la regarde, plus je la trouve belle.

 

Solène

Ces idiots d'adultes responsables ont décidés de partir une semaine en amoureux en pleine vacances de la toussaint. Laissant trois ados seuls, livrés à eux-mêmes, dans une grande maison. Je suis outré. Marion n'est jamais à la maison, elle traîne je ne sais où avec je ne sais qui. Elle n'a que quinze ans ! Il n'y a que moi que ça choque ?! L'autre n'est pas mieux ! Avec son style gothique, ça ne m'étonnerait même pas qu'il sacrifie un poulet le soir d'Halloween.. ! Mon dieu, qu'est-ce que je fous là.. ?!

Je suis énervée, je décide donc de prendre une douche pour me détendre. Et là, malheur, il n'y a plus d'eau chaude. J'attends en espérant qu'elle revienne, en vain ! Que faire ?! Je sors et je m'enroule dans une serviette. Je tourne en rond… Bon, je n'ai pas vraiment le choix…

Je sors de la salle de bain, les cheveux tout mousseux. J'angoisse. J'arrive devant la porte de sa chambre. Je n'ai pas envie de frapper, je ne veux pas savoir ce qu'il y fait mais je n'ai pas vraiment le choix… Je frappe.

La porte s'ouvre, seuls ses longs cheveux noirs habillent son torse nu. Je suis presque troublé jusqu'au moment où il ouvre la bouche.

« Sérieusement.. ? Si t'essaye de m'exciter autant te prévenir, je suis attiré par les filles. »

Ouais, on n'est pas vraiment en bon rapport… Et il a le don de m'énerver.

« Ferme ta gueule ! Ya plus d'eau chaude ! Comment on fait pour la remettre ?!

-          J'en sais rien moi. De nous deux, c'est toi qui a le plus de testostérones, démerde-toi ! »

Je grogne et je repars, en furie.

 

Maeva

Il y a d'immenses arbres dont les feuillages couvrent la lumière du soleil. L'air est lourd et l'odeur de la forêt danse presque dans mes narines. Quand, une voix me sort soudain de ma lecture.

« Tu vas venir ici pendant toutes les vacances ? » Me demande une douce voix.

Je lève les yeux de mon livre et je suis surprise de le voir je à côté de moi. C'est le jeune employé que j'observe discrètement depuis deux semaines. Mon cœur s'affole. Je ne sais pas quoi répondre. Je le regarde ranger des romans pendant qu'il continue de m'adresser la parole.

« Tu passes tes journées ici. Ça ne t'ennuie pas ? »

Il me regarde gentiment et me sourit.

« Je heu… J'adore lire alors… » Je bredouille comme une enfant et ça le fait sourire, encore.

« Ça ne dérange pas tes parents que tu passes tant de temps ici ? »

Ses yeux verts me perturbent mais je réussi à lui dire le fond de ma pensée.

« Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne consomme rien d'illicite, je suis bosseuse et j'ai un excellent bulletin scolaire. Je ne suis pas accro à la nouvelle technologie, je ne suis pas impolie. Mes parents n'ont absolument rien à me reprocher. »

Il adopte un faux air étonné qui me déstabilise avant de reprendre.

« Est-ce que ça défini vraiment qui tu es ? »

Je ne comprends pas son raisonnement alors je réplique, perplexe.

« Je pense que oui. »

Il s'arrête net et me fixe avant de me contredire.

« Je n'en crois pas un mot. »

Je reste sans voix.

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