NOTRE ARBRE AU PARADIS
Nadia Esteba
NOTRE ARBRE AU PARADIS
Tatoué d’initiales énormes, c’était un hêtre ou un orme. Sur la place du village, il connaissait tous les visages ; Il écoutait les conversation se et quand tous rentraient à la maison, il se sentait bien seul. La nuit jetait sur lui un linceul de silence et d’inertie.
Alors il était tout réjoui, quand les enfants passaient devant lui, tout joyeux d’aller à l’école, à cloche pied dans la rigole; aux premiers rayons du soleil, il guettait de tous, le réveil, c’était un arbre du bonheur, un arbre qui avait du cœur. Sur le banc, les vieux, cherchaient son ombre. Ils y venaient en nombre, il abritait tant de gens…Des oiseaux, des sentiments ; on y gravait des serments, car on l’aimait comme un aïeul. Pour nous c’était une personne, un frère un ami, un parent. Le soir, il faut voir comme s’y serraient tous les hommes ! Sous son autorité, ils démontaient le monde, avec ferveur avec faconde. Il savait bien les écouter et quand allaient danser les jeunes, lui aussi aurait bien twisté. On entendait ses soupirs et toutes ses feuilles bruisser. C‘était un chêne ou un platane, un arbre d’or parcheminé ; un magicien, avec ses oiseaux musiciens, aux tons changeants l’hiver l’été, il aimait nous émerveiller ! Un jour on l’a tronçonné, laissant un trou, un vide, sans même un banc pour s’asseoir. On tourne la tête pour ne pas voir.
Cette place du tout possible où s’édifiaient des projets menant à de grands débats, cette horloge, tiennent une place dans nos cœurs. J’ai vu bien souvent voleter les oiseaux autour du campanile, que je dessinais en cage dorée, quand le soleil descend, dans le calme du soir. Et dans la maison où je me croyais prisonnière chantaient les mots et les crayons de couleur.