Notre route
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Les événements en alignement, petit gris, ni trop réels et déjà loin.
Les gens, les endroits, sans emprise.
Nous filions déjà sur notre route, fixée à la va-vite, le cœur à l’accroche, les yeux en bandoulière, écartés, avides, nos jambes derrière, à l’affût d’un changement de rythme, d’un soubresaut ou d’une chute. Nous étions deux mais rarement les mêmes. Une chevauchée grandiloquente qui roulait sur des doutes de marbre et s’écrasait souvent dans les fossés. Nous filions donc droit devant surmontant le cahot des états graves, droit devant en titubant. C’était de la cavale toute la nuit, de la divague permise et mille mots et douleurs échangés. Mon ami et moi, toujours interchangés, nous n’arrivâmes jamais. Nombreux furent les rires, les bras croisés et les regards entendus. Cette aventure n’eut pas d’aboutissant mais elle dura toujours. Parfois rapide et enjouée, parfois pénible et trébuchante. Notre aventure elle dura toujours, hein, au milieu des ombres des autres, dans nos murmures et nos rêves intérieurs de pavés flottés et d’horizons disloqués.
Nous, sur la route, même si nous n’arrivâmes jamais.