Nous ne vieillirons pas ensemble

max57

Synopsis : 

Amitié, amour. Des nouvelles de toi. C'est tout ce que je veux. C'est tout ce que j'attends.

Le temps, qui passe, qui sépare, dont on a peur. La crainte, des sentiments, du conformisme, et de souffrir. 

Nous ne vieillirons pas ensemble. Cela, j’en suis certain.

Pourtant, nous avons grandi ensemble. Cela, je ne cesse d’y penser.

L’histoire semble évidente. On se rencontre, on s’aime, et on s’oublie.  Je n’arrive pas encore à me convaincre, qu’effectivement, tout à une fin. Qu’une phrase se construit aussi vite qu’elle se termine. Qu’un souffle commence, aussi vite qu’un autre se fait sentir. Tout aussi vital. Tout aussi nécessaire.

Et finalement, on en vient même par ne plus penser, par quoi tout ça à débuter.

Dois je trouver cet état de fait triste ? Ou l’accepter, me résigner, et avancer.

Pour tout avouer, j’angoisse. Puisque quand je regarde en arrière, je peux tirer un bilan de ce qui m’est arriver, me rassurer, quant à la nature de ce qu’il s’est passé.

Mais quand je me projette vers l’avant, là haut, ici ou là, il n’y a que le vide. Même si j’imagine, je scénarise, je comble, j’ai peur.

Cette ride qui se dessine. Cette courbe imparfaite. L’image net s’estompe. Se floute. Malheureusement ce n’est plus moi. Qu’une ombre. Qu’un fantôme. Il s’enferme, et verrouille le tout. Plus personne ne pourra rentrer. Pénétrer cette chambre froide bientôt inhabité.

Comme tout les autres il a fait le premier pas. L’autre. Et ainsi de suite. Comme tout les autres il a trébuché, s’est écorché, s’est blessé. Comme certain, il s’est relevé. Encore et encore. Inlassablement. Jusqu’à ce qu’il comprenne. Son autre pas avait pris le chemin inverse. Ou comme une route linéaire qui finit par se séparer en deux. L’un a pris à gauche. L’un a pris à droite. Ne pouvant plus faire demi tour.

On les disait inséparable. Mais l’on dit tellement de chose. Faire le tri entre ineptie et vérité. On manipule aussi. On transforme, et réécrit.

Autant vous retirez le doute. Il n’était pas ensemble. Enfin… Ils étaient ensemble. Mais ne s’embrassait pas et ne se tenait pas la main.

Leurs complicité allait bien au delà de toute ces futilités.

Je pour maintenant.

Il  pour avant.

- Tu crois qu’il m’aime ?

- Mais moi je t’aime.

- Idiot.

- éternelle insatisfaite.

- faux.

- ne peux tu pas te contenter de ce que tu as ?

- c’est à dire ? Me contenter de toi.

- par exemple.

- Prétentieux. Tu te crois assez important à mes yeux, pour penser que tu puisses me combler dans tous les domaines.

- Je ne me permettrai pas. Je me contenterai de faire de mon mieux.

- Mais tu m’aimes d’amour ?

- C’est une question stupide. Je t’aime tout court.

- ce qu’on est poétique.

- Ou tout simplement débile.

- laisse nous la fougue de la jeunesse. C’est une très bonne excuse.

- J’aimerais que l’on soit plus mature, pourtant.

- Tu es si sérieux. Johan, déride toi.

- Mais pour répondre à ta question. Je crois que tu ne le laisses pas indifférent.

- Et pour revenir à ce que tu disais. Si tu m’aimes embrasse moi.

- Je mourrai pour toi. Mais ne me demande pas ça.

- je te dégoute à  ce point ?

- Lui tu le fais mouiller.

- N’élude pas la question. Répond !

- Pourquoi ? Tu aimerais que je t’embrasse ?

- Certainement pas. Ne te fais pas d’illusions. Par contre, il est vexant de voir que rien que l’idée te dégoute à ce point.

- Roh, arrête… Je t’embrasse si tu veux.

- Et on fera l’amour ?

- Et on fera l’amour. Un gamin aussi si tu veux.

- Tu crois qu’il en voudrait un avec moi ?

- tu te projettes un peu loin. Tu l’excites. C’est déjà pas mal.

J’ai envie de te demander si tu te souviens de ton premier chagrin d’amour ? Lorsque tu as tant pleuré la tête contre mon torse. Lorsque tes mains ont entouré ma taille, et ne voulaient plus me lâcher.

J’ai envie de te rappeler, la fois où tu m’as demandé de fuir. Tout te terrifier. L’avenir. Grandir (et je me répète déjà)… Tu m’as dit vouloir voler la voiture de ta mère, me payer un billet d’avion, et que je t’aide à t’évader.

J’ai envie de te raconter, les innombrables soirs, où perdu devant le déluge d’image que me proposait mon téléviseur, j’épiais le téléphone, attendant qu’on puisse enfin se reconnecter.

Ma vie j’aurais pu la passer avec toi. De façon platonique. Cela m’aurait suffit. Mais je n’ai jamais osé te le demander. Pourquoi te priver de tout ce qui est censé construire une vie ?

Cependant je ne me suis jamais privé de rien. Je suis tout autant tombé dans le piège que m’offrait le système. Je m’y suis jeté les bras ouverts. Et je n’y voyais aucun inconvénient. J’étais conscient de mon statut, mais résigné à m’en contenter.

J’entends ta voix.  Johan que tu murmurais. Je suis désolé.

Je t’ai accompagné aussi loin que tu me l’as permis. Je ne me suis protégé de rien. Je savais où cette histoire nous mènerai. Prévisible. J’allais tout simplement devenir invisible.

Une existence noyée. Parmis tant d’autres. Etc etc.

C’est comme si je t’écrivais une déclaration. Il n’en est rien. On me traitera de nostalgique, de m’enfermer dans mes souvenirs.  Cette définition me conviendrait seulement si les souvenirs pouvaient être réel.

Malheureusement, plus personne n’en a la preuve.

-       Il m’a invité. Invité. Invité. Et j’ai accepté ! Ahaha !

-       Risible. Pas l’invitation, ton attitude de jouvencelle.

-       Je m’en contrefiche. Je ne suis qu’un cliché, pardon de te décevoir. Je suis une fille comparable à tant d’autre. Je n’ai que 21 ans. Et je suis heureuse. Car un garçon m’a invité à sortir. Et ça me suffit. Je n’en demande pas plus.

Je lui fais l’amour. Dans ces moments là, je suis seul. Abandonnée de ta charmante compagnie. Je ne le cache pas. Tu trouves ça drôle. Tu adores avoir un ami comme moi. Tu te délectes de savoir ce que je fais, comment je pratique, avec qui.

Je le pénètre. C’est fou que je ramène tout à toi. Mais j’avoue que c’est parce que tu es parti. Puisque là, j’étais seul.

Il était en moi. Au propre.

Tu étais en moi. Au figuré.

-       je n’annulerai rien.

-       C’est important.

-       Il m’est également important de ne pas annuler.

-       Tu veux qu’on continue ?

-       C’est une menace ?

-       Une question.

-       Je veux juste ne pas trahir ma promesse. Je dois voir Théodore.

-       Johan, s’il te plait…

-       Ethan, comprends moi.

-       Elle est plus importante que moi ?

-       Ce n’est pas un combat.

-       Et c’en était un ? Elle gagnerait, me batterait à plate couture ?

-       Je la connais depuis l’enfance.

-       J’aimerais tellement prendre sa place.

-       C’est impossible. Et je ne le désire pas.

- Johan ! Johan ! Johan !

- Théodore ! Théodore !

- Ne te fous pas de moi.

- Je n’oserais pas.

- Devine.

- je n’aime pas les devinettes.

- tu n’aimes rien, ni personne de toute façon. Tu te souviens de notre discussion d’hier ?

- Vaguement. Oh. OK.

- alors ?

- félicitation j’imagine.

Ne le prononce pas. Ne me reparle plus de ça. Nous ne sommes plus des enfants je le sais bien. J’ai tout refusé pour ne pas te causer de peine. J’ai tout gâché pour ne pas te perdre. Perdre ce qui fait Nous. Non. En faite, je n’ai rien gâché. J’ai tellement profité. Aimé ça. Je recommencerai sans hésiter. Mais je ne veux pas assister à un tel massacre. Tu attends trop. Tu réclames trop. Je ne t’ai jamais accablé de mes désirs. Peut être m’aurais tu suivi. Or je n’ai rien fait, pour ne pas t’emprisonner. Que tu veuilles revenir sur tes pas, alors qu’il aurait été trop tard.

Je dois dire oui. Je ne pense que non.

Alors il dira oui. Je penserai non.

Il l’a fait. Il t’a accompagné. Il t’a aidé à tout choisir. Il a accepté d’être ton témoin. Témoin de ce massacre. De ce jeux déguisé. Il s’est retenu de ne pas faire d’éclat, de se contenir. Je ne cessais de lui hurler d’agir. De se réveiller.

Il te leurrait pendant que je souffrais. Il te mentait, pendant que je tentais de me remettre. Il acquiesçait à tes exigences, tandis que je voulais tout envoyé valsé. Lorsque tu doutais, il te rassurait. Je vascillais, tellement tenté de reprendre le contrôle, le dessus sur lui.

Il t’occupait pendant que je baisais. Il t’amusait alors que je commençais à me demander ce que j’allais devenir. Puisque s’il restait certain que ça ne changerait rien, j’étais persuadé que je serais bien obligé de t’imiter. 

-       ça te dit qu’on boive un verre ensemble, samedi soir ?

-       Johan, c’est toi ?

-       Yep.

-       J’ai effacé ton numéro.

-       Je comprends.

-       Je t’ai effacé tout court.

-       Samedi soir ?

Peu m’importe. Je suis fier. Rien ne s’arrêter ici. Une nouvelle étape. Une page qui se tourne. J’utilise que ce qui n’a déjà été dit. Des expressions toutes faite et si banales. Envie de plus. Puisque les phrases ne peuvent plus suffire.

Une page qui se tourne. Mais la précédente, ce terminait elle par un point ? Et la suivante n’est que ça suite directe. Rien de plus.

Un nouveau chapitre alors…

Mais c’est toujours le même roman. La même nouvelle.

Un nouveau livre.  Nouveau.

Nous vaut.

Nous valons bien plus.

Que des mots.

C’est comme si je lisais l’avenir. Elle était prise. Constamment. Par ses nouvelles obligations. Elle n’avait plus autant de temps à me consacrer. Ce qui me semblait normale. Ce qui la dérangeait. Mais elle n’y pouvait rien. Pareil que mon emprise face à un langage trop restreint. Mais (encore) nécessaire pour me faire comprendre.

Un mélange des genres d’ailleurs. Elle et Moi pour moi. Elle et lui pour elle. Même pas mon autre lui. Son lui à elle. Mais (toujours) je m’égare. D’ailleurs malgré mon envie de plus, je fais toujours court. Une nouvelle, rien de plus. Le roman me perd.

Bref, elle s’excusait, et je voyais ses joues rougir. Elle m’appelait autant qu’elle le pouvait. Je me rassurais en me disant que ses histoires n’étaient plus vraiment intéressantes. Elle me posait de rares questions. Qu’est ce que je devenais. Quand, enfin, j’allais rentrer dans le droit chemin. Lequel ? Le sien.

Et lorsqu’on se voyait, je sentais son esprit ailleurs. Je me retrouvais en elle. A ses instants où malgré la distance nous étions connecté.

Seulement entre nous c’était brouillé. Des interférences. Une interférence. De la simple jalousie ?

Peut être. Je ne suis qu’humain, même si  je ne le conçois pas.

Un jour. Une semaine. Un mois. Deux mois. Six mois.  Un enfant. Huit mois. Un an. Où es tu ?

En attendant, Ethan, Thomas, Florian, Matthieu, Eric, Matthew, Ethan, Jonathan, Arnaud, Vincent, Rubin, Justin, Paul, Hugo, Damien, James, Gaetan, Ethan.

Il a fallu faire un choix.

Un choix d’adulte.

- vieillissons ensemble.

-tu en as vraiment envie ?

- Bien sur.  C’est une affirmation dites d’une voie assuré.

- Ce que j’aime quand tu dis ce genre de choses. Répète moi le.

- Vieillissons ensemble.

Puisque nous ne vieillirons jamais ensemble.

-       Au faite, elle devient quoi Théodore ?

-       C’était page 3 sa conclusion. Alors s’il te plait, ne viens pas tout gâcher.

-       Et la notre, elle viendra quand ?

-       Lorsque que la page sera noircit. Enfin… Non. je crois que ça n’intéresse personne la fin d’une histoire pareil.

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