Nous nous sommes tant aimés

scribleruss

Ravivages d'automne

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... Thérèse, Annie, Françoise, Danielle, Nicole, Annie, Brigitte, Nicole, Marie, Maryvonne, Annie, nous nous sommes connus, aimés, parfois déçus, c'était c'était il y a des millions d'années ...      

   Où êtes-vous aujourd'hui, mortes, pimpantes, fraîches et désirables encore ? mortes, incinérées, dans l'ossuaire peut-être, dans une maison de retraite buvant en courtes gorgées votre verre d'eau chaude citronnée, ou aïeule entourée d'une ribambelle d'enfants riant, piaillant, venant se pendre à votre cou vous avez atteint le comble des félicités ? ...       

    Nous étions, chantés par Prévert, ces enfants qui nous embrassions debout contre les portes de la nuit, excitant la rage des passants, leur rage, leur mépris, leurs rires et leurs envies, mais nous n'étions là pour personne ...    

  Et aujourd'hui, vous, c'était, c'était, il y a, il y a ... si belles, aux corps, courbes et galbes souples, dociles, aimants, quand nos bras nous enserraient, nos bouches s'affolaient, quand nos mains s'étreignaient, et vos seins si charmants ...  

   Vos yeux, vos dents, vos paupières mouillées, vos seins charmants qui jouaient avec le feu, votre sang qui brillait à vos lèvres vaincues, vos derniers dons, vos doigts les défendent ( Pardon Paul Valéry )     

  Chacune d'entre vous me fut un bonheur, jamais je ne vous ai oubliées, oui je sais, mais jamais je ne vous ai oubliées, vous fûtes vraies, sincères, sans calcul, vous aviez l'âme pure, oui je vous ai quittées, mais jamais trahies, jamais ...    

 Nous n'étions là pour personne, nous étions ailleurs bien plus loin que la nuit, bien plus loin que le jour, dans l'éblouissante clarté de nos amours naissantes...       

   C'était, c'était il y a des millions d'années que je n'ai pas vu passer, mais pourquoi, mais pourquoi chacune des cicatrices que mes ruptures ont laissées se réouvrent-elles ces temps-ci, pourquoi, mais qu'importe si vous, vous êtes heureuse, là où vous êtes, comme vous êtes ...      

    Là, en cet instant même, en plein trottoir, sous l'averse de mai, deux enfants qui s'aiment, s'embrassent, mais je n'ai ni rage, ni haine, ni mépris, ni envie, je leur souhaite tous les bonheurs du monde.      

   Quant à moi désormais, j'ai trop vu, trop senti, mal aimé dans ma vie, je vais chercher vivant le calme avant-coureur de l'éternelle paix, le calme du Léthé .     ....

    Tout va sous terre et rentre dans le jeu

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- dimanche 11 mai 2014 - 15.17 -       

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