Nous sommes Charlie

julia-crampel

Je relis les phrases, j'y crois toujours pas. J'ai beau avoir passer les 12 dernières heures cramponnée à mes fils d'actu, je n'intègre pas l'info. Cabu est mort. Wolinski est mort. J'ai grandi avec ces mecs-là, leur humour potache et leurs blagues graveleuses qui avaient l'air de cligner de l'œil en disant "Et alors, ça te dérange ?". Et j'en gloussais, j'en riais, je m'en offusquais, comme des millions d'autres. Des caricatures, quoi. Wolinski, Cabu et les autres. Merde. Des dessinateurs satiriques attaqués au lance-roquettes et au fusil d'assaut. Des caricaturistes exécutés en plein Paris. C'est une mauvaise blague, une facétie douteuse, hein, dis ? On se sera trompé, sûrement. Ben non, faudra que je m'y fasse. L'absurde qui me heurte la face à Mac3. J'ai mal à mon insouciance et à mon impertinence. Cabu est mort. Wolinski est mort. 

Les seuls mecs capables de nous faire rire de la situation sont morts. Ce matin, je voudrais qu'ils soient là. Histoire que, au delà de mon indignation, je puisse rire même jaune. Comme avant. Ben non. Ce sera pas pour aujourd'hui. Aujourd'hui, j'aurai la gravité des jours sombres en guise de couvercle sur la tête. Aujourd'hui, c'est le jour des grands discours nécessaires. Mais demain, on ira bras dessus bras dessous boire des verres en se moquant de tout et de rien. Parce qu'arrêter de se marrer, ce serait comme la mort de Cabu, de Wolinski et des autres : une belle connerie.

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