Le Père Noël a stationné son traîneau pour une durée déterminée
Une brise souffle les dernières bougies
Je désenlace les boas colorés et dorés qui serpentaient dans le sapin.
Familièrement, ils pourront de nouveau s'enguirlander entre eux et se mettre en boule s'ils le souhaitent.
L'étoile du mètre soixante-quinze s'étiole et dénude la cime.
Bien que Pâques ne fut fêté, les pères Noël de cire ou articulés sont rangés, alignés comme des statues Moaï.
Immaculé, telle une traîne de mariée, j'enroule le tapis de coton, libéré de ses épines.
Le temps s'est radouci. Les flocons de neige, comme les projetterait un artiste à l'aide de son aérographe, ont disparu depuis longtemps.
Délicatement, les santons rejoignent leurs places respectives dans leur logement immaculé, eux aussi, mais d'un polymère expansé.
Dans le bac, les chants de Noël accompagnent les boîtes à musique.
Alors que je n'avais remonté la fragile mécanique de l'une d'entre elles, une petite boîte blanche me joue quelques notes, comme pour me rappeler : « Eh, ne m'oublie pas… ».
Elle sait peut-être que sans tons, le village de Noël ne s'animera pas l'an prochain.
Ultime résistant de cette bataille d'illuminés : le roi des forêts.
Dignement dressé sur sa noble demi-bûche, il s'est affaissé et ses branches se sont desséchées.
Il n'a plus la droiture de son jeune règne mais il subsiste encore de nombreux vassaux résineux.
Le roi est déchu de ses fonctions.
Il va rejoindre ses semblables, déjà terrassés.
Biodégradable, il terminera sans doute, en sciure ou en fertilisant pour mieux, tel le phœnix, renaître de ses cendres…