Nouvelle étoile.

Laurent Sabayo

Il s'agit là l'inspiration de ma première rencontre amoureuse, concrétisé par l'échange passionné d'un baiser dans la douce profondeur d'une nuit et de son rideau d'étoiles. Deux âmes dans la nuit

La nuit, le monde s'éteint, il sombre dans l'envers du temps. Les grillons au sol, si près, chantent et accompagnent le bruit sableux de nos pas dans ce sentier ombragé. Aux abords d'un coin de mer, dans un léger contre-bas, juste là posé sur une pierre qui semble nous avoir attendu depuis tant d'années. Elle est chaude, tout comme l'air ambiant de la nuit habituellement frais. C'est l'été, tout semble parfait. L'un à coté de l'autre, allongés sur ce cailloux géant et incroyablement plat. Les yeux perdus dans l'infini de l'espace, le néant. D'une réalité à une autre, l'univers entier s'offre à nous, là haut dans le tableau aérien du monde. Ce dôme bleuté en dégradé noir nous offre ses extases lumineuses et oniriques. De la poussière d'étoile dans le regard, nos paroles n'existent nulle part. Bien des mots échangés, des rires et taquineries. Mais le silence. Le silence est plus bavard que n'importe laquelle de nos bouches. On pourrait vivre ici tant on ne s'y sens plus, y mourir même. Mourir dans la grâce d'une nuit chaleureuse et étoilées. S'élever dans le noir pour illuminer le ciel de sa nouvelle étoile humaine. Des heures de contemplations rétiniennes, de pensées, d'imagination et de plaisir d'apaisement. Les préludes. 

Au milieu de la nuit, il se redresse en tailleur et se rhabille d'une épaisseur. La chaleur d'été s'estompe aux file des heures. Je le sens et fais de même. Un écart involontaire s'est creusé entre nous. Aux extrémités de notre siège improvisé, nous savourons inlassablement l'horizon et ses nuances lumineuses. Ce n'est pas l'horizon que l'on guette, mais une soirée touchant sa fin du bout des doigts. Je ne peux m'empêcher de réfléchir sans cesse. Il y a quelque chose entre nous, juste là, qui ne demande qu'a éclore. Je sais qu'il le sent aussi, il hésite, rassemble ses forces. Au moment où je songe à ce vide sonore dans lequel nous sommes plongés et qui nous distancie l'un de l'autre. Il ose alors me confier son désir qui nous rapproche en un instant. « Dans un moment pareil, sous les étoiles, ça pourrait être très agréable… » 

Inconcevable de refuser, il se rapproche et pose ses lèvres délicates sur les miennes. Entre deux lucioles du ciel, nos coeurs se soulèvent jusqu'au bout de nos lèvres. Chaque pulsations, chaque touchés est un délice synchronisé. Là, sous les arbres nocturnes où le temps s'est arrêté. Il n'y a pas plus belle paroles que deux langues en dialogue dans la danse. L'Apothéose d'une nuit d'émotion effleurant la perfection.

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