Nouvelle naissance.

Christophe Hulé

J'ai mis du temps à comprendre que le soi-disant « cocon familial » est en fait un carcan.

Plus on fait durer l'illusion, relayée par ce qu'on appelle les amis d'enfance, moins on s'approche de l'essentiel : l'estime de soi que de parfaits étrangers, de passage ou en milieu professionnel, vous font ressentir enfin, comme une nouvelle naissance et non sans étonnement.

Ah bon, je suis capable de tout ça, ah bon, j'ai ces qualités, etc., etc. …

Moi qui me pensais un moins que rien, je me retrouve adulé comme un E.T. .

- Tu viens d'une autre planète, franchement j'ai rarement vu un spécimen comme toi.

Et de s'étonner de recevoir des cadeaux, hors cadre, style départ en retraite, l'antichambre de l'étape ultime.

Me serais-je trompé ? 

Avec le temps je me dis que ça n'a rien d'étonnant.

Longtemps j'ai milité contre ces relations épisodiques, tu me sers à quelque chose, je te sers à quelque chose.

Finalement pourquoi pas ?

A chaque âge de la vie ses béquilles.

L'erreur étant de croire se protéger.

Une collègue de 32 ans de moins, fébrile et exaltée, me rappelle l'époque où j'avais cet âge.

Certes plus du tout adolescent, mais déjà rongé par les contraintes professionnelles en voyant le sable des rêves s'écouler encore un peu dans ce putain de sablier.

L'arnaque étant de faire croire que la seule richesse vient de lointains souvenirs d'enfance où rien ne pouvait nous atteindre.

A force d'échecs, qui, paraît-il, vous apprennent à affronter tout et n'importe quoi, on finit par comprendre les ficelles.

Ma mère, je respecte et j'admire le mal que tu as su te donner, pour moi et les 6 autres lardons qui ne représentent plus grand-chose pour moi aujourd'hui.

Ma mère, tu me survivras peut-être, car c'est la loterie où personne ne gagne.

Bon OK, les probabilités jouent contre toi, mais enfin, quelques années ou décennies n'y changent pas grand-chose.

Ma mère, je m'excuse des péchés ou omissions dont tu m'as affublés, mais comment pourrais-je t'en vouloir ?

Le coup de la balance, j'y crois pas trop, désolé de bousculer tes croyances.

Qui est l'abruti qui a osé dire que tout était écrit ?

Ou alors je n'ai pas trouvé le bon libraire.

Signaler ce texte