Le déjeuner avec Ronald avait ouvert de nouvelles pistes de recherche pour Ralph à la fois dans son propre domaine et dans la recherche de corrélation avec les travaux de Jenny.
La demande officielle de John Stoe, Oncle de Jenny, parvenue à l'Université pour l'examen de sa thèse post mortem allait permettre à Ralph d'avoir l'esprit plus serein dans l'étude du résultat des données de Jenny. Celles-ci seront versées officiellement à la bibliothèque des thèses et consultables par les chercheurs.
Comme prévu l'administration lui demanda si l'Université pouvait accéder à cette demande, comme il était le directeur de la thèse de Jenny. Il fit comprendre qu'il serait des plus indécents de refuser cette demande émanant d'un parent de Jenny en possession de la dite Thèse.
A vu des circonstances dramatiques de la mort de Jenny qui avait endeuillé nombre d'étudiants et de professeur, la constitution d'un jury ne fit pas un problème.
Ralph rappela à tous les membres qu'au-delà du sujet d'études de la Thèse , les UFOS, la méthodologie employée par Jenny permettait de valider ou d'invalider un phénomène sociologique indépendamment des sujets impliqués, appliquant ainsi un regard objectif sur une matière éminemment subjective. En cela son travail apportait un nouvel éclairage en sociologie et en conclusion sa thèse méritait une reconnaissance de l'Université.
La démonstration emporta l'adhésion sans réserve du jury (une contestation impliquait une nouvelle évaluation des résultats présentés, Ralph savait pertinemment qu'aucun membre ne s'y risquerait !)
A l'issue du Jury, Ralph appela personnellement John Stoe pour lui annoncer la nouvelle.
— M. le Professeur comment vous remercier c'est non seulement un immense hommage post mortem à Jenny mais c'est aussi une première mondiale avec la reconnaissance officielle de l'existence officielle du phénomène UFO.
— M.Stoe, si je suis d'accord avec vous, les choses n'ont pas été présentées tout à fait sous cet angle là, mais l'essentiel c'est que le travail de Jenny est maintenant officiellement accessible dans la Bibliothèque des thèses.
— Je ne sais pas comment vous remercier, vous avez fait faire un pas de géant à notre mouvement.
— Ce n'est pas moi c'est Jenny qui voulait honorer ainsi la mémoire de son père, à ce sujet je souhaiterai que vous me donniez un peu plus d'information. Au titre de représentant de la famille de Jenny vous serez invité à la remise officielle de sa Thèse, on pourrait échanger à cette occasion.
— Parfait et merci encore.
Dans les jours qui suivirent une petite réception avec quelques membres du jury fût organisée à l'université. John Stoe fut remercié d'avoir communiqué à l'Université les travaux de Jenny qui contribuent ainsi à l'avancée des recherches en sociologie.
Ralph invite John Stoe dans son bureau.
— Je suis désolé de vous faire remémorer des moments difficiles pour vous, mais vous m'aviez indiqué que le père de Jenny devait rencontrer une personne de l'armée.
— Oui un opérateur radar, à l'époque tout le monde disait (enfin les journalistes et les officiels) que les observations des témoins n'avaient pas déclenché d'écho radar, aussi dans l'aviation civile que militaire. En fait le père de Jenny en laissant traîner ses oreilles près des bars des bases aériennes avait acquis la conviction que des échos radars non identifiés existaient bel et bien.
Après avoir branché un opérateur radar d'une base de l'Otan la plus proche de Manchester, celui-ci se targuait de lui montrer des photographies d'image radar qui n'étaient ni des avions, ni des oiseaux, mais des objets évoluant à des vitesses de plusieurs milliers de km/h voir plus de dix mile km/h et sans bruit, donc présentant toutes les caractéristiques des UFOS.
— A l'époque il vous avait donné un nom.
— En fait lui même ne connaissait pas le nom de l'opérateur qui voulait rester anonyme. Et il n'a pu le rencontrer puisque le soir du RV promis le père de Jenny est décédé dans un accident de voiture dont personne n'a retrouvé le chauffard en cause de l'accident.
— Je comprends qu'à l'époque la coïncidence était déjà troublante, mais maintenant avec la mort de Jenny, il n'y a plus coïncidence mais volonté de ne pas faire la lumière sur le sujet.
— Je ne vous rejoins j'avais cette intuition depuis longtemps, mais en fait je ne comprends pas. Tout ce qui touche aux UFOs est déjà tellement ridiculisé, c'est devenu un tel poncif éculé utilisé et réutilisé à l'infini par le cinéma, les jeux vidéos et autres romans, sans compter toutes les sectes plus illuminées les unes que les autres.
— Effectivement, quel intérêt y aurait-il à faire disparaître de mort violente des personnes étudiant le phénomène. J'ai peut-être la possibilité de savoir si cette base de l'Otan s'intéressait à l'époque aux phénomènes aériens non identifiés.
Dans quelle base, me disiez-vous déjà, travaillait cet opérateur.
— Celle qui est la plus proche de Manchester : ???????
— Merci de la précision, si de votre côté il vous revenait des éléments plus précis n'hésitez pas. Si je découvre qu'il y a eu réellement meurtre prédéterminé pour Jenny et son Père, croyez-moi, je ne laisserai pas les auteurs impunis.
Ralph et Stoe se séparent en échangeant des emails sécurisés et cryptés. Ralph a bien retenu les conseils de son cousin.
De retour à son bureau muni de l'adresse de la Base de l'Otan, Ralph se replonge dans ses statistiques sur le Pétrole en se concentrant sur l'exploitation du Pétrole au Royaume Uni, à l'époque ou BP en charge de celle-ci ouvrait des plateformes pétrolières en Mer du Nord une des plus dangereuses au Monde.
BP avait ainsi assuré pendant des années une relative autonomie pétrolière au Royaume Uni. Après quelques recherches internet, Ralph dispose de toutes les dates de mise en service des plateforme en mer du Nord.
Pour chacune il vérifie avec les courbes d'observations UFOS pour l'Angleterre répertoriées et documentées par Jenny. Ralph s'attendait à une certaine corrélation comme le démontrait les courbes globales, mais là cela devenait réellement impressionnant.
Chaque mise en service de plateforme pétrolière en mer du Nord étaient suivies ou précédées de vagues d'observation, soit en pleine terre, sur la côte où pour quelques unes en pleine mer.
Devant ce constat, Ralph reprend chaque installation et lui attribue toutes les observations autour de la date de mise en service et construit un fichier d'observation pour chaque plate-forme.
L'idée lui vient soudain de voir si les régions des Bases de l'Otan sont elles aussi touchées par le phénomène. Toutes ne le sont pas mais certaines ont des observations dans leur zone corrélée à l'installation de Plateforme en Mer.
Celle indiqué par Stoe, n'échappe pas à cette corrélation, de plus les observations de tout type dans ce secteur font preuve d'une certaine régularité depuis son installation suite à la deuxième guerre Mondiale.
Ralph repousse son siège et s'éloigne des écrans. Les yeux fatigués après toutes ces recherches et rapprochement de données, ses paupières se ferment et il plonge dans une douce torpeur facilitée par le ronronnement du ventilateur de son unité centrale.
Jenny et son père se tiennent par la main, marchant tranquillement en direction des grandes oreilles des radars, Jenny se retourne et fait signe à Ralph de les suivre. Arrivés aux pieds des coupoles, Jenny et son père lui montrent un homme qui filme des écrans et dans le ciel des objets lumineux disparaissant dans l'espace à la vitesse de l'éclair. Jenny revient vers Ralph, elle ne porte plus ces piercings à la lèvre, ces images existent tu dois les retrouver pour comprendre, le temps presse mais tu suis la bonne piste, fais vite, dit-elle en partant en courant rejoindre son père.
Ralph se réveille brusquement en sueur, sa tête vient de basculer vers l'avant.
— Jenny, toujours toi ! Pourquoi revenir me tourmenter ?
Puis Ralph comprend l'informateur du père de Jenny. L'opérateur radar travaillait à la Base radar de l'Otan, il aurait filmé ses observations radar.