Nu devant la glace (10)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Amsterdam-Paris, le lendemain. Le TGV file à très vive allure. Héloïse avait pris son billet à l'avance et était donc réservée à un siège. Après une nuit d'amour, notre homme avait à la hâte décidé de prendre son billet également, mais le train étant complet, le voici qui fraudait. Les deux nouveaux amants se retrouvaient au café bar pour boire un crème et préparer l'avenir à Paris. A quelles sont leurs adresses, quand se reverraient-ils, quel serait leur emploi du temps ? Héloïse était toujours aussi mystérieuse. Elle semblait vouloir cacher beaucoup de sa vie. Du moins, elle ne voulait jouer toutes ses cartes de suite.

Terminus du train. Les deux nouveaux complices sont prêts à se dire au revoir. Une bise timide, après leurs étreintes de la veille, comme si la capitale leur demandait à se cacher. Notre homme osa demander à la belle son numéro de téléphone mais pour elle, il n'en était point question. Elle préférait en somme avoir son adresse postale pour continuer à lui écrire de tendres missives. Que le mystère persiste !

Notre pauvre homme en peine et désormais seul, une unique valise à la main, de prendre un taxi et de se rendre dans son logement. Il y retrouvait là quelques photos d'Isabelle, quelques-unes de ses robes et encore ses flagrances. Que devait-il en faire, qui devait-il chérir. Son tendre souvenir ou sa nouvelle amie. Quel cruel dilemme. Il n'avait pas pensé à un instant à Isabelle à Amsterdam mais voici que le retour dans le lieu où ils avaient vécu le rendait à la raison.

La première chose à faire : cacher les photos. Les jeter, il est trop tôt. Deuxième étape, mettre les robes en valises. Ainsi, il se retrouvait à se complaire dans son appartement de célibataire.

De son côté, Héloïse retrouvait son duplex en plein dans le 16ème. Elle n'était pas si malheureuse d'être seule. Avec son ancien mari qui habitait à Amsterdam et elle qui avait ses deux appartements, elle était libre la plupart de son temps et aimait sa vie de célibataire. Entre ses quatre cent livres et ses peintures de la renaissance, elle retrouvait son chez elle avec grande joie mais aussi fatigue. Fatigue du voyage, fatigue des souvenirs. Elle en apportait mille. Et encore d'autres vers, qu'elle n'avait osait lire. Elle se souvenait bien, des caresses et câlins, des étreintes passions, de corps qui se découvrent. Se souvenait aussi, de l'incroyable sincérité avec laquelle l'homme s'était livré, sur son histoire avec Isabelle et sur la quête de l'Amour absolu. Elle, l'Amour absolu, elle n'y croyait pas, elle n'y croyait plus. Elle avait passé là de moments exquis, mais elle n'était pas sûre d'y trouver ce qu'elle cherchait.

Elle se disait femme libre, entichée de personne. Et pourtant, il y avait ce « si », et si c'était le bon, et puis le bon moment. Il ne lui déplaisait guère. Il avait ce tempérament mélancolique qu'elle comprenait et qu'elle ne retrouvait chez personne de son entourage, de quoi aiguiser son empathie et sa curiosité.

Elle ne lui avait laissé que son adresse. A elle maintenant de voir dans combien de temps il se manifesterait…

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