Nuit

Lev Hamels

Les dernières heures, alors que vous étiez dans un monde étrange, moi j'étais loin de vous. Oh, je donnerais tout pour une aventure sans queue ni tête au creux de mon crâne. Je me damnerais sans hésiter pour la crosse aux reflets polis qui me tourmente dès que je ferme les yeux. Alors pourquoi ? Pourquoi ne pas se mettre dans le rang et voir ces mondes où moi seule respire ? Parce que tout ce qui est parfait doit être surpassé. Les dernières heures, alors que vous étiez dans un monde étrange, moi j'étais seule avec la nuit. Elle m'a entourée de ses bras sombres et froids, et m'a emmenée bien plus loin que tous vos rêves. Je me suis laissée guider dans un monde fantastique. C'était comme entendre une langue inconnue pour la première fois et bien que dans cette langue, pas un mot ne me soit familier, cette langue me parlait de mon moi le plus profond. Je l'ai écoutée chanter, et c'est là que je les ai vues. J'ai allumé la lumière, et je les ai vues, ces ombres sans corps. Elles voulaient jouer à cache-cache avec moi. Quand j'éteignais la lumière, elles se fondaient, devenaient immenses. Et, en allumant la lumière, je me suis vue dans un miroir. Et là, j'ai ri comme jamais car dans ce miroir, je me ressemblais quand je serais morte. Pâle, cernée, mais terriblement vivante.

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