Nuit blanche

marjo-laine

Poursuivie par des poules. Ça a commencé comme ça je crois. Je tombe sur leurs becs, ça fait un mal de chien. Oui, tiens, y en avait un aussi de chien. Crocs éclatants, grognant, bavant, féroce. Je me réveille avant d'être dévorée, toute palpitante.  Demain, la sieste liquidée, je me ferai une digue. La plage de Malo Bray-Dunes. Premiers jours d'avril, ciel gris, mains gelées, rafales annoncées. La mer ne sera pas bleue. Je m'enfermerai dans un bar, nœuds de marins et coquillages au mur, je me prendrai un café, sans crème. Les gaufres ramolliront sous le chocolat. Dans un coin, on verra trois carnavaleux. Des échappés des Trois Joyeuses. Fausse fourrure, perles, mascara et plumes blanches pour les collègues de la compta. Sur le dos d'une chaise, pendra un sac à main argenté. Il ne sera pas tard, je prendrai ensuite l'autoroute pour les Flandres. Je gravirai le plus haut Mont du pays plat, je me laisserai saouler par le vent. Je contemplerai la statue du Maréchal Foch, obscure silhouette sur son cheval. Le brouillard gommera petit à petit la plaine. Quelques toits d'ardoises, des odeurs de fumées subsisteront encore. Mes joues seront froides, mes mains s'assécheront, la nuit commencera. Je boirai une bière de Namur dans l'estaminet réputé. Sur la porte à l'entrée, je serai scrutée par le blason flamand. Énormes griffes et langue pendante, un lion noir.    

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