Ode à la paresse (ou jeux de pieds faits à la main)

Damien Kheres

J’ai une spécialité depuis que je suis tout gamin

Je suis paresseux, j’ai un gros poil dans la main

Dieu a du dire : « Tu seras fainéant, ça te fera les pieds ! »

Mais mes pieds s’en accommodent bien et mes mains volontiers

Y’a pas de quoi en faire des pieds et des mains

Mais j’étais pieds et poings liés

Jusqu’à ce que me délivre l’idée de vous en parler

« Au secours, dans ce monde je coule, je n’ai pas pied,

Donnez-moi un stylo, une gomme et du papier »

Il a suffit que l’écriture me tende la main

Pour que je réponde présent à l’examen

J’ai levé la main et depuis que je mets les pieds dans le plat

Je prends mon pied sans être à plat

J’ai pourtant souvent demandé des coups de main

Mais je n’ai reçu que des coups de pied

Alors j’ai levé le pied et calmer mes ardeurs

Je ne mettrai plus la main à la pâte, c’est trop de malheur

En réponse à ma paresse, ma mère m’avait prévenu:« Ca te jouera de vilains tours »

A cette mise à pied j’étais censé être pour

Au lieu de ça, les bras m’en sont tombés et les mains avec

Et comme on dit « jeux de mains, jeux de vilains »

Je n’ai donc plus de raison d’être vilain sans mes mains

Etre habile des 2 mains n’a jamais empêché de se faire de la bile pour demain

Ma mère m'a démasqué, elle a du me prendre la main dans le sac

Mais j’en mettrai pas ma main à couper ni au feu, j’ai trop le trac

J’ai fait un pied de nez aux remarques

Et bon pied, bon œil j’ai tendu la main à l’oisiveté

Maîtresse de tous les vices, c’est le pied

La paresse, je la caresse dans le sens du poil de ma main

Car le poil de ma main est assez long pour une caresse de la main

Je marche main dans la main avec elle

Dans mon esprit, je me sens pousser des ailes

J’erre comme un va-nu-pieds dans le plaisir oisif

J’ai mis la main sur la joie de l’inactif

Certains jaloux, à qui ça leur casse les pieds, me voient perdre pied

Mais je vis les choses haut la main

J’ai peut-être un pied dans la tombe

Mais j’ai l’esprit libre et vif comme une bombe

Je n’en viens jamais aux mains

C’est à contre-pied de mes pensées

Le cœur sur la main,

Je suis non-violent de la tête aux pieds

Avoir un poil dans la main est assez commun

Et pourtant je n’ai pas voulu copier

Car quand je pense faire quelque chose d’utile avec mon corps

Je ne pense pas qu’aux mains ou qu’aux pieds

Mais plutôt à ma tête et mon cœur

Je me sers moins de mes mains et de mes pieds

Je ne suis pas pour autant un humain estropié

J’ai tout de même les pieds sur terre

Et ma paresse ne datant pas d’hier

Je pense qu’elle sera là encore demain (ou 2 pieds…)

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