Ode à M.Leto

Bel ange ténébreux au regard de glace,

Ton renom est un masque aux allures de beauté.

Sur la scène, tu t’exhibes, heureux menotté,

Prisonnier de la foule, proscrit de la masse.

La sueur sur ton front, fruit de ton labeur,

Noie ton beau visage aux formes émaciées.

Aveugle, tu rejoins la clameur, cortège princier,

Monstre vampirique qui te dévore dans ton malheur. 

Le miroir te renvoie une image inconnue,

Dans cette infâme loge, où la douleur est envieuse,

De ce mal qui te ronge, souffrance fiévreuse,

Malade de l’être moins que son tourmenté méconnu. 

Tu retires ton costume, redevenant l’enfant,

Baignant dans l’innocence de ses jeunes printemps.

Le spectacle de ta nudité paralyse le temps,
Qui de sa main funeste,t’effleure les flancs, 

Aux courbes voluptueuses, douces sous sa caresse.

Amoureux de ta chair, gardienne de ton cœur,

Il lutte contre ses feux, réfrène ses ardeurs,

Invoquant la raison et rejetant l’ivresse. 

Trente secondes passent, mais voilà qu’il succombe.

L’air s’emplit d’un silence, profonde altération,

Entre Mars et Vénus, plus d’hésitation,

Le temps a décidé, la passion sera sa tombe. 

Alors, il te goûte,embrassant ta peine,

Renifle ton haleine parfumée de désir,

S’enveloppe de tes cheveux, rideaux d’un empire,

Dont tu es le gouverneur, le temps d’une scène. 

T’embrasant les lèvres de sa langue spectrale,

Il vole ton visage, milles fois adoré,

Libérant ton essence, révélant tes traits,

Tu deviens Alexandre chevauchant Bucéphale. 

La liberté t’enlève pour faire de toi son amant.

Les mains dans sa crinière, tu voles vers d’autres cieux,

Loin de cet univers factice, dont tu es le dieu.

Tu renais pour mourir, la gloire est ton châtiment.