Ode au Puy de Dôme

Jean Claude Blanc

Pour ses volcans millénaires... mérite bien un poème...

         Ode au Puy de Dôme, ses volcans millénaires

A mon âge avancé, mystérieux et sombres

Tout rempli de clartés fulgurantes et d'ombres

Vous conte mon Auvergne, où mon œil se perd

En ces temps oubliés qui sans cesse reculent

Sur lesquels entassés, les siècles s'accumulent

Au col des Supeyres, tout semble morne et désert

 

Un étang dont on voit la trace indélébile

Recouvrait le pays de sa nappe immobile

Où le Puy de Sancy à l'horizon baignait

Sur ce pur réservoir de l'onde originelle

Parfois un passereau y venait frôler son aile

En ces libres pâturages un chaste silence régnait

 

Tout à coup l'eau parut, sourdement agitée

Et dans le sein fécond de la terre irritée

Un bruit courut lugubre, comme un hurlement

Pareil aux roulements d'un tonnerre invisible

Les espèces sentirent à ce défi terrible

Un tressaillement de peur, devant l'envoyé de Satan

 

Les feux intérieurs emprisonnés au centre

S'agitaient à tout rompre pour sortir de leur antre

Comme souffle d'un félin, qui n'a rien dans le ventre

La montagne tremblait du sommet à la base

Bouillonnaient les rivières débordant de la vase

Au-dessus d'un féroce, magique ardent brasier

 

Le sol lutta longtemps contre la flamme intense

Echauffé, remué fier de sa résistance

Même issu du néant, assiégea gouffre tonnant

Hélas sous la pression des cavernes puissantes

Céda sans se briser de cette folle tourmente

Comme par enchantement, un tertre s'éleva géant

 

Mais après tant d'efforts, la terre fatiguée

Autour de la montagne vers les nues élancée

Généreuse nature, ouvrit grand tous ses flancs

Et la flamme et le feu, sortant par ses fissures

Jaillirent dans les airs, pour conjecture futur

Qu'on voit encore d'ailleurs les traces de son sang

 

Symbole d'un spectacle étrange et formidable

Ces combattants avec un bruit épouvantable

Cette fois réunis, la terre, l'eau, l'air, le feu

Forgeant et aiguisant une féroce armée

Et mêlant leurs débris, leurs éclairs, leur fumée

Afin de guerre lasse, être bénis des dieux

 

Bientôt l'eau recula tremblante vers la plaine

Mais les volcans jaloux et sans reprendre haleine

Poussèrent de plus belle, insultant l'univers

Crachant des blocs ardents du fond de leurs abimes

Acharnés, flamboyants, faisant rougir les cimes

Blanches de neige dès lors, ces collines altières

 

Mais rugissaient autour du sommet qui les brave

En écumant de rage de leur brulante lave

Se répandaient de cendres, tel un torrent d'encens

Même sans se préoccuper, polluer l'étendue

Recommençant sans cesse leur attaque éperdue

Aux pieds de ces dorés, rochers dès le couchant

 

Vulcain et ses adeptes, munis de catapultes

Comme les forgerons, qu'ont pas la science occulte

Se plaisent à incendier alors qu'ils sommeillent

Car bien qu'étant éteint ce feu qui les dévore

De nos jours d'autres sorciers, obscurcissent le décor

Estompent l'azur céleste, nucléaire leur soleil

 

Un jour tout s'apaisa, de retour l'humanité

Se reforma la Terre affreusement blessée

En refermant ses plaies de ses boyaux entr'ouverts

Froid sous le dur granit et les rouges scories

Et les volcans en veille, aux mamelles taries

Blanchissent déjà de vieillesse durant leurs longs hivers

 

La plaine s'est couverte de frondaisons superbes

Des terrils calcinés, les arbres ni les herbes

N'oseraient désormais d'en parer nudité

Ces chaines des Puy dont le front ridé d'entailles

Muettes contemplatives de ce champ de bataille

En toute éternité se dressent ces majestés

 

C'est pourquoi aujourd'hui, auvergnats solidaires

Touristes en balade grimpent sur ces cordillères

Cher notre patrimoine au rang de l'UNESCO

Considéré jadis comme des taupinières

Alors qu'elles subsistent depuis des millénaires

Ces coupoles éthérées qui nous renvoient l'écho

 

Massif Central perché sur ses hauts plateaux

Nous observe, attentif, à nos moindres défauts

Peut-être trop savants, pour le remodeler

Sachant qu'on s'y promène, royalement en blaireaux

Usant de 4x4, en lieu de VTT

 

Gardiens de nos légendes, ces Puys couverts de gloire

Leur énergique furie, date de la préhistoire

Vulcain lui-même sorti de la cuisse à Jupiter

Serait selon certains l'architecte des enfers

 

Plus prosaïquement, délaissée notre région

Mais pour le ballon ovale, d'avance on est champion

Applaudis à tout rompre les stars de Clermont

Toujours ça de pris, en avoir pour nos ronds

 

Sans doute dans le coup, ce pompier pyromane

Ce fiston de Junon, qui allume la flamme

De ces supporters « jaunards », tournant à l'hydromel

Tous Vercingétorix lorsque la fête est belle

 

Car de lui on retient, victoire contre l'Italie…

Parlez pas d'Alésia, plutôt de Gergovie

Pour faire partie de mes bandes de copains

Lisez Henri Pourrat, bien sûr Jules Romain

M'éloigne du sujet, qui préoccupe mes pairs

Cette ode au Puy de Dôme, ses volcans millénaires

Pas comme la Guadeloupe, active Soufrière   JC Blanc juillet 2018

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