Oedipe danse

arthur-kinski

« Mais que l'on laisse le fils danser avec sa mère ».

Le Roi est furibond, et les sages paroles de ses convives n'apaisent pas les battements de ses tempes. Il est fait de fureur. Son menton pris de spasme disparaît dans l'enclave de sa mâchoire. Ce n'est qu'une valse qu'on lui dit. La reine et le prince (regardez comme ils sont beaux) dansent et la grande salle danse avec eux. Le Roi n'est pas dupe, les bougies et les couleurs, leurs pas battant la mesure de chaque brise, il connait l'inaliénable perfection de ce tableau, le bel aspect de la cohérence. Ainsi doucement, dans les méandres de sa barbe et de l'évidence établie, il jauge en silence tout le pouvoir d'un roi. Qu'un sceptre vengeur ou une hermine tendre s'introduisent en ce décor, ils en seront la tache. L'alvéole noirâtre. Le père qui sépare. Le Roi qui devient fou. Tandis qu'un fils aime sa mère tout bas, un homme prend mesure de son impuissance et la foule écoute le grand orchestre de Vienne.

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