Oh Germaine !

Laurène J.Carol

La grosse Germaine descend ses poubelles , un vendredi soir , en jurant comme une vache , pestant contre tous , verte de rage en tombant sur Mémé Guérini , la concierge du bloc HLM .

Collants ,

en vrille ,

Germaine !


Bigoudis ,

en-tête !

Peignoir ,

plumé ,

à l'os ,

tu descends ,

tes poubelles ,

pleines ,

de ce que ,

tu n'aimes plus !


Mégots ,

de cet idiot !

Raymond ,

brasse ,

l'air .


Sans tête ,

il s'occupe !

zappeur ,

divan ,

fumoir ,

mini-bar ,

match ,

OM-Lilles .


Zut ,

chips !


Mains ,

poisseuses ,

baladeuses ,

un peu ,

rieuses ,

souvent !


Germaine ,

n'aime pas

le football !


Grilles ,

Loto ,

fortune ,

lune ;

elle décroche ,

la dolce ,

vita .


Fini ,

la guerre ,

les ordures ,

le ménage .


Envol ,

vers les horizons ,

lointains ;

Le Sud ,

l'Afrique ,

le Maroc .


Les océans ,

en luxueuses ,

cabines .


Girafes ,

Gazelles ,

en safaris .


Raymond ,

fumant

en soirée ,

avec le Prince .


Germaine ,

sac  Chanel ,

longue robe ,

Dior ,

en soie ,

noire.


Elle rêve ,

à cet asile ,

doré ,

parfumé ,

des encens ,

de myrrhes ,

et de jasmins ,

d'Orient ,

telles ,

les légendes ,

des mille et une ,

nuits ,

et les cavernes ,

somptueuses ,

du prince Ali .


Mémé Guérini ,

rit ;

bref instant ,

dans la cage .

Tablier ,

de vieilles dentelles ,

elle règne ,

sur la loge .


L'escalier ,

vide ,

sent ,

la sardine ,

grillée ,

à l'huile ,

d'olives .


A l'heure ,

du quart ,

sommeillant ,

sur la paille ,

les élus ,

du Royaume ,

guerroient ; 

flamboyantes ,

armées ,

de paresseux ,

capturant ,

villages ,

forets ,

et châteaux .


Belles prises :

prison ,

de damoiseaux ,

merveilleux ,

aux chants ,

mélodieux .


Une princesse ,

s'avance !

Germaine se marie;

crinoline blanche ,

chemin de

pétales de roses ;


Tapis rouge ,

souliers vernis ,

diadème ,

unique ,

de pierres ,

précieuses ,

long voile ,

ajouré.


Elle épouse

le roi de cette contrée ,

magique ,

de ce pays ,

enchanté !


L'assistance ,

s'amuse ,

de ce oui ,

si haut ,

qu'on ne peut ,

imaginer ,

un autre son !


Quel bonheur ,

la magie ,

de cet instant ;

où le rêve ,

passant ,

sous ses yeux 

ébahis ,

fuit

vers une amie ,

si chère ,

à son cœur !


Sa cousine ,

du Huitième !


Gaëlle ,

célibataire ,

de la cage ,

aborde ,

la rive ,

sur le plus beau ,

des navires ,

pour offrir ,

au monde ,

sa récompense :

son destin  ,

de princesse ,

du royaume

des princes charmants

et des fées Carabosse .


Tels les contes ,

des nouveaux- nés ,

le livre ,

débuta ainsi ;

 " Il était une fois ,

la princesse , Gaëlle ... "


Et la bonne Fée Carabosse ,

lut jusqu'au soir ;

au coucher ,

des enfants ,

puis ,

elle ajouta ,

par le pouvoir ,  

de sa baguette ,

magique ,

couronnée d'étoiles ,

... " Et ils se marièrent et  eurent beaucoup d'enfants ! ..."


Chut ! Germaine dort ; Raymond dans ses bras . Ensemble , heureux , amoureux , comme au premier jour !










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