Oh la Marie !

Catherine Marie France Lavandier

Un air de Kerouan annonce le corbillard aux sons des cornemuses qui saluent le passage de la vie à la mort des vieux du village .

Saute mouton ,

la Marie ,

dans les vertes prairies ,

de Bretagne .


Le lit ,

nu ,

sans rivière ,

laisse ,

échapper ,

un torrent ,

de cascades .


Mures ,

vignes ,

entourent

les pâtures

des normandes .


Les airelles ,

croissent ,

dans les prés ,

voisins .


Le dolmen ,

gronde ;

le menhir  ,

se dresse ,

dans le fond ,

du bois ;

arme ,

fatale ,

du vieux ,

druide ,

sage ,

de la contrée .


La vieille ,

rune ,

de bois ,

vestige ,

de Rome ,

captive ,

les lueurs ,

de la tombée ,

du jour .


La menthe ,

persiste ,

à l'ombre ,

des platanes ,

murant ,

le passage ,

de la ferme .


Le petit Mesnil ,

dessine son corps ,

dans le lointain horizon ,

semblable ,

au clocher ,

de la paisible abbaye ,

Saint-Martin .


Une rue ,

sans pavés ,

passe ,

un piéton .


Oh la Marie ,

le manger ,

attend ,

dans la marmite,

fumante .


Tu remues ,

ta soupe ,

potiron ,

patates ;

du légume ,

en vrac ,

de la salade ,

pour les humeurs ,

du troc ,

pour  les envies .


De Grand-Mère ,

le sel ,

du fin ,

pour la poussière .

Du gros ,

pour la  langue ;

celle qui ,

n'a pas d'horloge !


Le sel ,

de Guérande ,

venu du fond ,

de l'océan ,

blanchit ,

réduit ,

corrode ,

les vessies .


Le sel ,

apporte fer ,

et santé .


Ta poêle ,

un galon ,

dans la main ,

tu brodes ,

ta crêpe ,

de sarrasin .


Ta fierté ,

en turban,

tu honores ,

les saints ,

récitant ,

la vertu ,

le souper .


Le gros ,

vient ,

avec la charrue ,

lisse ,

dans l'entrée ,

tel le vent .


Tu vois ,

l'esprit ,

transparence ,

des flux ,

invisibles ,

qui réveille,

la vie .


L'orage ,

annonce ,

le seuil ,

du deuil ,

de la Marie .


Catherine Lavandier

En souvenir de nos amours passés , seuls au monde ,  sans les pêcheurs de la Marie , échoués sur le Récif .






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