Oh les soeurs de la miséricorde,

arthur-kinski

Au carrefour des âmes en peine, les gens pressent le pas.

Ils lèvent les yeux au ciel autant qu’ils peuvent pour ne pas voir à leurs pieds ceux qui sont assis. Mais chacun à sa manière laisse un bras ballant avec une main ouverte au bout. Les cinq extrémités tendrement nues sans l’armure. Les miséreux au sol devant leurs carrousels de poignées de main comprennent la fierté des gens qui pressent le pas. En posant leurs lits ici, en faisant quotidien l’endroit où seulement l’on passe on se sépare de ses morceaux qui nous rendent tous semblables. Alors ils saluent seulement les gens qui passent, les remercient de cette main qui les invite au voyage mais savent qu’il ne peut y avoir cette sorte de frères ici bas. Mais l’optimiste a souvent vu les constances d’aujourd’hui furtivement embrasser les promesses de demain et il se fait ce doux rêve où au carrefour des âmes en peine l’on construit un couvent ; pour que l’on puisse se tenir debout. Et que si trop triste que l’on s’allonge. Mais dans les bras d’une nonne. Sous la lueur des bougies qui chauffe comme une cheminée, ils pourront être les frères de la nonne. Ils pourront glisser leurs lèvres sous sa robe et sa liturgie et y sentir le parfum des gens qui passent. Ce même parfum mais dénué de la pudeur de ne pouvoir tendre les deux mains.

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