Ombre et lumière

exacerbere

Je sentais le vent sous mes pieds. J'ouvrais grand mes poumons. Le vide intégral dans mon coeur était même plus profond que le gouffre vers lequel tout mon corps pendait.


Des gens ne comprendraient pas. Ils ne comprenaient pas maintenant d'ailleurs.


Mais ces gens-là n'ont souvent pas connu le même degré de haine envers soi-même que moi. Le manque d'argent. Le manque d'affection. Les mots dégradants et durs. L'incompréhension. La solitude. Les murs en tant que gardiens de ma souffrance.


Les livres pour s'en échapper et finalement... les livres qui se déchiraient eux-même face à mon mal-être. Ils n'ont pas vue comme moi mes ombres grandir et m'engloutir. Dédoublement de personnalité. Schizophrénie.


Le moi sombre. Le moi lumineux. Le tiers vivant entre les deux. Qui suis-je ?


Faux sourire et rire démoniaque devant la souffrance. Gueule de bois. Addiction qui marquent la fin.


Et les autres, démunis face à mon comportement. La peur d'être blessé associé à la honte, la haine et l'incapacité de dire

"Chaque foutu jour je prie pour que ce soit le dernier. Chaque foutu matin, je hais le Diable qui m'a mis sur cette maudite terre. Mon coeur est une loque capable d'aimer, et c'est foutrement pire que s'il en avait été incapable. Je me hais autant que je hais cette vie. Déchirure. Fracas. Laissez-moi sombrer en silence, que je puisse ne pas regretter votre foutue peine, vos foutus élans d'affection quand vous ne me blessiez pas".


La nuit est seule gardienne de mes pensées.


Vacillement vers l'asphalte qui m'attend. Qui pour me rattraper si ce n'est lui ? Doucement, je glisse. Lentement mon corps se fond dans le silence. Puis s'immobilise.


Des larmes coulent le long de mes joues.


J'ai depuis longtemps le coeur brisé mais il est toujours effroyablement battant. Je suis incapable de basculer à tout jamais du côté de l'ombre.


Foutue schizophrénie et côté lumineux qui m'empêche d'être sien, d'être le promis sanglant de la lune. 


J'inhale fortement. Luttant encore dans un de ces moments d'incohérences profondes où toutes vos pensées se basculent, où votre moi crie un FOUS TOI EN L'AIR, LA, MAINTENANT pendant que votre second moi s'exclame "Je veux vivre ! Je ne veux pas mourir" ! Écartèlement entre les deux, le jour vous apparaît lumineux comme jamais et la nuit démentiellement noire. Vous êtes drogués face à votre peine. Ce n'est plus le monde réel, vous vacillez entre la fiction et la dure réalité. S'en est trop pour vous, vous en avez des sueurs et vos pupilles sous vos yeux (depuis quand les aviez vous fermés ?) s'agitent de plus en plus vite.


Il faut vous rendormir et vite...


Levez-vous donc de cette chaise et allez vous coucher. 

Il n'y a qu'un pas à faire et le repos tant mérité vous sera enfin accordé.



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