On brule les pages

morgan-kepler

          J'allais droit devant, sur mon chemin de traverse, les genoux écorchés, les doigts de pieds ensanglantés. J'allais. J'allais nulle part en fin de compte. Et plus le temps passe plus je me rapproche du chemin dont j'ai toujours rêvé. Loin de la musique mais toujours si près des mots, de mes maux qui m'enchainent mais me laissent respirer. ENFIN.

Je suis là où je devais me trouver, le sourire aux lèvres, aux lèvres de mes rêves, aux lèvres de mes voeux. J'entends rire autour de moi, je vois des larmes couler de joie. Je vois une lumière étincelante au bout de mon tunnel. J'arrive. J'ai juste pris un peu de retard à regarder sans cesse derrière moi. J'ai perdu du temps à me dire que ce n'était pas pour moi. Il suffisait finalement de se lever, il suffisait de regarder ailleurs. J'ai vu ce que je devais voir, je continue de voir ce qu'on aimerait que je taise, par crainte, par égoisme.

Moi je n'ai plus peur.

Je vois de nouveau des soleils. Pour combien de temps ? Jusqu'au prochain orage. Mais chut ! C'est en y pensant qu'on l'appelle. Même si la pluie revient, je marcherai seule dans les rues, infatiguable. Même si les démons se réveillent, je leur rendrai la pareille. Même si les fantômes s'assoupissent, je saurai à qui parler. Il y a toujours quelqu'un, même quand on est seul. Vous le savez bien.

Je sais où je vais. La route est tellement moins effrayante quand on connait la destination. Moins exaltante, certes, mais je ne prendrai pas la voie rapide. Je garde mes virages dangereux, je garde mes longues lignes droites trop tranquilles... Le voyage, il compte plus que la destionation nosu dit-on, mon voyage est palpitant. Et ceux qui se sont arrêtés pour me prendre avec eux, parce qu'on va au même endroit, ne cessent de m'étonner, ils ne cessent de me ravir. Je n'aurais jamais pensé en arriver là. Je n'aurais jamais cru que le bonheur ici-bas était si facile. A le chercher loin on ne le trouve pas. A le prendre où il est on le savoure. Sans se compliquer, sans en vouloir trop. Il est à portée de main.

Je reprends ma route. Le sourire aux rêves. Le coeur sur le bout des lèvres. Et des mots et des mots et des mots....

Je reprends la route attendez-moi. Même si la pluie...

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