on se retrouvera

ephemere11

Il y a des tas de choses que j'aimerais te dire.

Je commencerais par te demander comment tu vas, après tout ce temps passé loin de l'autre, comment tu t'en sors et comment tu arrives à vivre, toi. Je te féliciterais aussi pour la facilité avec laquelle tu as réussi à te reconstruire et à te retrouver par la même occasion.

À la période où nous nous sommes rencontrés, le jour où nous avons réellement fait attention l'un à l'autre, tu étais dans un néant, dans une sphère profonde. Tu tournais, comme un lion en cage, en attendant le bon moment pour bondir, pour sortir et pour devenir celui que tu es vraiment. Je ne t'en veux pas. C'est ce qu'on devrait souhaiter à tout le monde: réussir à trouver sa voie.

Moi, de mon côté, j'ai simplement servi à te sortir de cet engrenage. J'ai contribué à ma perte en contribuant à ta liberté. Et encore une fois je ne t'en veux pas. Enfin si, tout de même un peu, mais j'essaie de travailler sur moi, sur ma vision de voir les choses, et j'essaie tant bien que mal de me l'interdire. C'est vrai, je suis aussi fautive que toi. Je savais pertinemment que tu étais instable et que tu avais la possibilité de me détruire après chaque moment qu'on passait ensemble. Je le sentais après chaque parole échangée, après chacune de nos nuits d'amour je sentais que je retournais toujours un peu plus la lame contre moi. Mais j'aimais ça. J'étais en danger constamment près de toi, mais cependant si en sécurité. Je te donnais une confiance aveuglante et je me disais, que quoi qu'il advienne de nous, quoi que tu puisses faire, il resterait toujours ce lien. Ce lien invisible qui nous a toujours ramené l'un vers l'autre, peu importe qu'on soit à 10 000 km, nous avons toujours ressenti le besoin de se retrouver, de revenir sur nos pas, de ressasser, ou de regretter.

On est plus amoureux, on ne s'aime plus, on aime seulement la puissance avec laquelle la douleur s'infiltre dans chacune de nos veines, dans chacune des parties de nos corps. C'est la seule façon que nous avons trouvé pour ressentir un peu d'adrénaline, pour revivre à travers l'autre. Chaque mot, chaque caresse et chaque sourire sont des perles de douleur qui ruissellent sur nos peaux. Et on en redemande puisque c'est nous, c'est notre façon d'aimer la vie, c'est notre façon de se redécouvrir.

Alors, on devrait peut être prendre une sage décision, au moins un fois, et tirer un trait définitif sur ce qu'on pourrait appeler "notre histoire", mais à quoi bon parce que je sais que où que tu ailles, où que tu t'enfuis, je te retrouverais et on réapprendra à s'aimer. Ensemble. À travers nos cris et nos larmes. C'est un cercle infernal, sans fin, sans issue. Nous ne sommes pas faits pour être ensemble mais c'est pourtant jusqu'ici notre seule alternative car nous ne savons plus vivre l'un sans l'autre. Nous ne pouvons plus vivre l'un sans l'autre car nous ne pouvons infliger à personne la douleur que nous nous infligeons à nous-même, personne ne comprendrait. Alors, dis-moi, que nous reste-t-il à faire? Où allons-nous désormais? Vers quels horizons?

J'aime ta façon de m'envoyer valser, de me poignarder avec tes baisers, et de me renverser sur la table. Je ne sais pas me passer de tes caresses si amères sur ma peau, ni de tes cheveux qui me frôlent dans le cou. Je ne peux plus me contenter d'une petite vie bien tranquille et si banale après avoir connu les voyages où tu m'envoyais dormir face aux étoiles. Où tu m'amenais à chaque endroit où je rêvais d'aller. Jamais je ne saurais me lasser de tes escapades et de tes engueulades, il n'y a qu'avec toi que je vis, et que je meurs en un instant. Tu t'appuies contre moi et je dérive, tu accroches tes lèvres sur mes univers les plus intimes mais tu refuses de m'en donner plus. Je suis totalement vulnérable et impuissante près de toi, et c'est le sentiment que je préfère au monde. Au delà de l'amour et de ses merveilles, je m'envole à chaque moment passé en ta présence, à chaque seconde, à chaque minute, quelque chose de nouveau m'envahit et me propulse contre les parois qui me protège, pour les briser. Alors je m'ouvre encore un peu plus à toi, et mes peurs s'effacent.

Tu es l'histoire de ma vie, tu es ce cahier qui connaît chacun de mes moindres secrets. Même les plus terribles. Tu es ma passion, et pourtant Dieu sait comme la passion est grande et monstrueuse, comme elle me dévore et décompose chaque partie de mon âme. Plus aucune fierté, plus aucun attachement à la vie ni à l'avenir car tu es la vie. Tu es le repos, tu es la force. Tu es tout ce que le temps donne et reprend. Tu es tout ce qui m'importe, et j'ai besoin que tu m'amènes. Non seulement parce que je te retrouverais mais aussi parce que si je te quitte je perds, malgré moi, ma seule raison et ma seule façon d'exister encore après en avoir tant donné sans n'avoir rien reçu en retour. Si ce n'est cette douleur et cette satisfaction d'être avec toi, de faire partie de toi. Comme je l'ai toujours désiré et comme je le désirerais encore jusque la nuit de temps. Tu es ma seule promesse, mon seul avenir, mon seul horizon.

Amène-moi, jusqu'à l'aube, marcher dans la nuit, gambader dans le noir et laisse-moi te dire à quelle puissance je hais cette douleur qui s'immisce, avec confiance, dans chacun de mes membres, dans les plus petites parties de mon corps, quand tu n'es plus là.

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