On the road
aki
Il m'en parlait sans cesse ; de ce monde qui l'attendait, tout près, là, juste là, à portée de bras, de ce besoin chronique, de cette envie panique de partir loin d'ici, de cette fureur qui l'inondait et le noyait dans l'immensité du présent, l'obsédant incurablement et le rendant plus qu'impatient. On aurait dit qu'il pouvait voir, même au fond du plus sombre des tiroirs, de véritables exodes pour pèlerin libéré, des odyssées aux récits insoupçonnés, et des ballades à la richesse encore méconnue. Persuadé, et rassuré par ces pionniers de la route que furent Kerouac et tous ceux de la BeatGeneration, il continuait de me conter les escapades des vivants, follement amoureux d'une vie inopinée. Des délivrés, parfois de véritables exilés loin de toute humanité, mais toujours à la recherche de ce quelque chose, comme s'ils étaient au courant de la supercherie, convaincus que ça ne pouvait pas être déjà fini. En partant, ils avaient choisit de tout quitter ; études, familles, amis, jusqu'à la société. Ils n'étaient chez eux nulle-part, et pourtant, ils découvraient une demeure bien plus grande qui s'étendait de toute part. Plus qu'un mode de vie, ils en ont fait une philosophie, voir une véritable amitié, pour tous les cœurs déshydratés.
Voilà à quoi ça ressemblait me disait-il.