on verra plus tard

louise_kalfon

Sans brouillon

J'ai la gorge nouée, je m'enrhume. Je t'ai croisé, tu étais malade aussi. Et toi, et toi. Je me rappelle instinctivement les couloirs de la "mélancolie". La fausse blancheur des murs sur lesquels se reflétaient nos ombres de sang. Nous sommes si peu, si nombreux. Je comprends que je suis plusieurs êtres à la fois et pas qu'un seul. Que ma définition ne s'arrête pas à un terme ou une action. J'aime profondément. Et j'inspire comme on inspire des fleurs d'une pleine bouffée d'air, et d'un ventre bien rond.

J'ai été bousculée dans le métro à de nombreuses reprises, je me suis faufilée à d'autres sous les bras tendus des gens. Je me sens envahie du moindre mouvement de la personne, un geste de l'autre et je l'interprète, le célèbre.

Mon palais me fait mal, il est brûlé par le thé trop chaud que j'avale. La chaleur du radiateur électrique n'est pas très confortable. Le lino au sol non plus, je glisse dessus. Les images jonchent mon bureau prêtent à être collées et offertes. Je suis transportée par le perpétuel échange. Et j'aperçois ton radeau aux milles étoiles. 

J'ai néanmoins décidé de n'en choisir qu'une, la tienne, la notre, que nous confectionnerions à deux. Avec l'aide de toutes les autres étoiles de la Terre bien entendu. 

Une carte t'attends, en réponse à celle que je t'ai rendu, qui me manque. Je pense aux vêtements de couleurs et de tissus chatoyants et animal. Le film "Animal" est une très belle pépite, je l'accroche au tableau de mon coeur militant. Puis il y a les grandes héroïnes, comme elles, comme elle. Les actrices qui empruntent tous les rôles. Et puis toi, mon modèle, je cherche ta photo. 

J'ai l'impression que pour certaines personnes la vie est très simple, toute tracée et se réalisant sur une seule et même ligne. Quand d'autres sont tortueuses et rocailleuses aux franges longues et pendantes qui dégoulinent d'essais et de goûts diverses pour trouver leur système. Un fonctionnement bien singulier, une géométrie tridimentielle héliocentrée...

Les radiations émises par mon propres corps ne sont pas mesurables par moi-même et je m'interroge sur leurs effets alentours. Dans les froideurs nocturnes je continue les marches et les repos. Je n'entends plus les ondes comme à certaines époques, volumineuses et incurvées dans l'espace. Je les dessine ?

Une journée fut immense, plusieurs jours à t'attendre.


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