ONE...TWO... ONE! TWO! THREE! FOUR!

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                L’autre jour, je lisais, dans un article d’une revue hautement intellectuelle, la citation suivante : « A l’heure où deux couples sur trois divorcent (et où un couple sur trois y a déjà songé), peut-on encore penser que la monogamie est un modèle tenable ? ». Le tout à compléter par une citation, non moins croustillante, de Jacques Attali « himself » : « Le XXIème siècle sera celui de l’amour multiple, de la polyunion, de la polyfidélité, du polyamour. »*.  Et voilà ! C’était écrit là, noir sur blanc (et je ne parle pas UNIQUEMENT des « polynéologismes »…) : on légitimait officiellement les relations multiples. On se doutait, depuis un bon bout de temps déjà, que le modèle de « la-princesse-et-du-prince-charmant-heureux-pour-l’éternité » était obsolète. Mais là… Ca demande réflexion. Le couple à deux est-il réellement en train de péricliter ?

     Pour les producteurs hollywoodiens, la question a été vite réglée. Le film « Closer » (mais si, vous savez, avec les divins Julia Roberts, Natalie Portman, Jude Law et Clive Owen) date (déjà) de 2004. Et en admettant que le mec de Julia n’est pas eu envie de tabasse Jude (ça fait un peut « Julie&Julia » du coup, vous ne trouvez pas ?), les choses auraient pu très bien s’emboîter. Quatre protagonistes, deux filles, deux mecs, plusieurs possibilités, en admettant que Natalie vire sa cuti (ce qui était tout à fait envisageable, aux vues de ses antécédents…).

  Mais je plaisante, alors que l’heure est grave ! Je tombe tout de suite dans le scabreux (et vous avec moi), alors qu’il ne s’agit pas uniquement de sexe dans le (les ? No sé ! Voilà ! Déjà une difficulté linguistique !) polyamour(s). Et oui ! Désolée les mâles, si vous attendiez de l’érotique lesbien, c’est loupé ! Car il est bien précisé dans ce fameux article que « polyamour veut dire plusieurs amour (Waouh ! Sans déc’ !), mais aussi plusieurs façons d’aimer ». Ouais, c’est redondant, mais c’est le style. Néanmoins, il est vrai qu’on dit souvent qu’une personne ne peut pas nous combler à tous les niveaux. Il n’y a qu’à jeter un œil au courrier du cœur pour en être persuadé : « Pierre était bien au lit, mais avec Eric c’était tellement plus passionné ! » ; « Paul est génial, mais c’est Tartanpion qui me comprends mieux que personne ». On associe bien plusieurs produits pour faire monter une mayonnaise parfaite. Il était bien normal qu’on en arrive à combiner plusieurs personnes pour éjaculer une purée parfaite !

   L’heure n’est plus à la multiplication des amants, mais à l’accumulation des amoureux. Et, bizarrement, malgré la mise en présence de plusieurs partenaires dans les faits sexuels, le ton reste bien plus sentimental que pour une vulgaire partouse. On ne fait pas l’amour avec plusieurs personnes : on aime plusieurs personnes.

   Etant moi-même constamment le cul entre deux chaises sur le plan sentimental (et la chatte entre deux queues sur le plan sexuel) et de plus chroniqueuse sur les relations hommes-femmes, je me dois d’éprouver un certain intérêt pour ce nouveau système de « couple» révolutionnaire. Je sortais depuis 4 jours, 21 heures et 36 minutes très exactement avec J.S., 25 ans, chef de produit dans une grosse boîte (dit comme ça, ça fait un peu Playmobile, non ?) gueule d’ange et, la cerise sur la mousse de la crème du gâteau: attentionné. C’était presque trop beau pour être vrai, et je continue à me demander si la zone « sexuelle » de son cerveau (mais non, pas les 95% de son encéphale, voyons !) fonctionne correctement. Un bon parti donc, qui garantissait gentillesse et stabilité. D’un autre côté, j’avais R., le fameux palestinien, avec qui j’avais baisé tous les soirs pendant 4 jours (et rien que d’y penser, j’en mouille encore ma culotte !). Problème : il habite à quelques milliers de kilomètres. Bref, typiquement mon idéal masculin.

   Et alors quoi ? Est-ce que c’était mal de balancer ainsi entre les deux ? J.S., c’était une vie de couple possible et tangible, loin de toutes complications, rassurante et douillette. R., c’était le rêve inaccessible, l’idéalisation totale d’un presque inconnu bref, un ersatz de relation quasi-impossible.

     En même temps, la question ne se posait plus, vu que J.S. m’a largué parce qu’il est encore amoureux de son ex… Comme quoi les couples à trois, c’est pas la joie…

       Si j’aurais donc personnellement beaucoup de mal à avoir des polyamours (vu que je galère déjà pour un « monoamour »…), je ne dirai qu’une chose : dans tous les cas, assurez vos arrières… L’adage « un de perdu, dix de retrouvés » fonctionne beaucoup mieux quand on en a déjà trouvé dix autres….juste au cas où…

*Article extrait du magazine GLAMOUR, n°79, d’Octobre 2010 : « J’ai deux amours, parfois trois… », par Jean-Alain Laban, p.54-56.

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