Oracle
Mircea Perb
Voir.
Sous le froid des hauteurs
Sur l’enfant des aigreurs
Piétinent des hommes
Des femmes
Et l’oubli
Les yeux se ferment peu à peu
Et ne parlent et ne parlent et ne parlent
Ni ne voient
Dans leur marche d’hommes
Et de femmes
Dans leur piétinant oubli
Le froid les envahit
Et les hauteurs se ferment
Peu à peu
Et balbutient
Peu à peu
Et se taisent
Peu à peu
Et s’éteignent
Peu à peu
Cette marche du cœur
Pourri
Sans traces ici jamais là-bas
Cette marche d’absence
Fausse et piétinante
Cette marche ralentit
Anesthésie l’usure et les hasards
Anesthésie les douleurs des hauteurs
Les douleurs et les révélations de l’âme
Qui vivent et portent et créent
Qui pénètrent les chairs
Font frissonner l’extase
Et l’abandon
Les corps possédés d’azur
Les hommes les femmes
Dieux un instant
Qui s’envolent et caressent les hauteurs
C’est alors que
Vivre c’est avancer sans cesse
La marche au souffle
Des ampoules et du cor
Qui ne compte au labeur du temps
Les heures d’oubli les heures
Les heures
La marche du froid qui attaque
Mange et gangrène
De noir
Les ailes déchirées
Celles qui vivent
Pas celles qui fuient sans mouvances
Se rétractent
Sans douleurs
Cent heures
Pas plus loin que le compte et le compte et le compte et le compte et le compte et le compte
Sans
Sang
Et s’éteignent sans mourir
Dans l’oubli
Des hommes des femmes des hauteurs des aigreurs
Embrassant la douceur immobile
Mourir c’est avancer sans cesse
La vision est céleste. Emportée par la force du cœur, emportée par le chant des hauteurs, emportée par la vie qui coule et anime les flots et leur fureur, elle s’élève en un chant qui perce et qui dévoile, en un cantique de violence crue, de sangs et déchirements, en un cantique racontant l’élévation des hommes et leur divinité, l’azur dévorant et sa chair embrassant l’absolu, l’orgasme purificateur sans avent, sans après, en instants d’immensité explosant de l’extase inhumaine – la vie.