Orgia
ait_raiss
Dans le grand dehors
Devant nos yeux sourds
Se déroule une orgie silencieuse
Cachons-nous dans le coffre des mots
Et regardons par la serrure
Pour surprendre les doigts du vent sur les jambes nues des pins
Et le sexe des fleurs offert aux caresses des abeilles
Plaignons la roche dure des menhirs
Qui viendra calmer leur éternel émoi ?
Est-ce la mer au vagin de corail ?
Est-ce le ciel hanté par le souvenir
de leur union ?
Voyez donc la rivière au souffle coupé
Quand les mains rugueuses des montagnes
Parcourent les courbes de la terre humide
Et saisissent ses seins qui débordent
le corset de l'espace
Voilà ses sapins qui s'hérissent de plaisir
Et le soleil voyeur qui rougit
Monte le chant des mésanges sirènes
Et nos tempes fiévreuses battent l'appel de l'orgie
Hélas, à la chair pensante ces plaisirs sont inaccessibles
Et le poème ne peut tromper longtemps la vigilance de l'esprit
Nous nous réveillons dans la couche froide de ce mariage forcé
D'où nous rêvons de rejoindre la matière lascive