Oscar, t'es marron !

Je suis un homme de goût.

Présentez-moi sur un plateau des aubergines à la bonifacienne ou une sulfureuse topless en string à perles, le président sévère mais juste, flégmatique et de sang froid… que je ne suis absolument pas, ne pourra rester de marbre. 

Cette double négation sème la confusion, je le sens. 

Bon.

Je confirme donc, plus simplement, ce que laisse fuiter le téléphone arabe qui s'échauffe tous les dimanches à la messe entre deux bar mitzva : oui, je suis un homme faible - et sans doute lâche - , mais surtout, terriblement gourmand des bonnes choses de la vie. 

J'aurais été femme ou trans ou indécis les jours pairs et bi les impairs, ça n'aurait pas été différent. 

J'aime ce qui fait du bien par où ça passe et j'aime passer par où ça fait du bien. 

J'ai le goût des bonnes choses, c'est comme ça ! 

Alors, quand l'Académie des Oscars ne m'a absolument pas demandé de faire partie du jury pour apprécier, dorénavant, les films en compétition devant présenter obligatoirement au générique des intervenants certifiés conformes de tous genres et de toutes couleurs de peau, j'ai été… très vexé. 

MOI, homme de goût, qui saurais évidemment apprécier l'art du jeu, de l'éclairage ou de la composition musicale quels que soient la teinte des cheveux, le patronyme ou l'entrejambe, je pourrais apporter une vraie légitimité à la démarche de discrimination positive des Oscars, que d'aucuns – dont moi-même – nomment «  la discrimation de nos deux ».

Car, on est bien d'accord, le talent n'a pas de couleur, ni de sexe, ni d'âge, ni un nombre de dents très précis. 

Entre un juif, noir et borgne terriblement indécis sur son orientation amoureuse et une apostat musulmane souffrant d'arthrose mais très agile du majeur, JE serais imbattable pour ne déceller que l'excellence. 

C'est donc par pur bras d'honneur vis-à-vis des Oscars que celui qui gagnera mon estime, quoiqu'il me montrera de ce qu'il sait faire, en plus d'être un homme blanc, hétéro de plus de 50 ans, sera forcément CSP++ et de droite. 

Vous ne m'en voudrez pas, je ne suis qu'un homme de goût.