Otto-biographie
Laurent Ottogalli
Tout compte fait, j’me rends compte
Que ma vie était un conte de fées ;
J’vous la conte, de fait, vous m’donnerez votre avis…
Tout est parti d’une rencontre :
Mon père et ma mère qui s’aimèrent,
Tout contre,
Mais j’vais pas vous raconter ma conception…
D’ la grossesse :
Les gros seins, les grosses fesses…
J’ai attendu de longs mois, sept, huit, neuf,
Non, huit, c’est pas qu’j’étais pas bien,
Ni que j’voulais voir ça tout d’suite,
Mais faut pas pousser l’bouchon trop loin,
Des fois qu’y ait des fuites…
Et comme ma mère menaçait de m’expulser,
J’ai proposé qu’on se quitte, à l’amiable,
Et j’ai levé le siège, éjectable…
C’était un 6/9, mais pas en 69,
Non, en 60, enfin, du sang neuf !
J’suis né à Nancy, c’est donc en naissant que je devins nancéien…
Comme je suis né très tard le soir,
Je n’ai vu le jour que le lendemain…
Ce jour-là, quand j’ai ouvert les yeux,
Des fées s’étaient penchées sur mon berceau,
Sourire aux lèvres, réjouissantes,
Elles avaient un joli décolleté…
L’effet ne se fit pas attendre,
Dès mon âge le plus tendre,
D’un coup de baguette magique
Me v’là les yeux bandés,
(N’allez pas vous méprendre,
Ce serait tragique, attendez…)
Je n’ai donc vu le monde que vert
Et au milieu des « cocorico », des Pagnol, des Prévert,
C’est en cueillant des coquelicots, des primevères,
A ma mère et ma grand-mère
Que j’ai servi mes premiers vers…
Mes seuls doutes étaient d’savoir si y aurait des mirabelles
Au mois d’août, et de la neige à Noël :
Dieu, que la vie était belle !...
Pis un jour, j’eus dix ans,
L’âge de se prendre en mains,
(J’sais qu’c’est dur à c’t’âge-là,
Prendre son courage à deux mains…),
J’suis né le 6/9 soixante, et le 6/9 soixante-dix
O n m’a interné, d’office,
Voyage au bout de l’ennui, un supplice…
C’est l’inouï, dans la ville d’à-côté,
Voir la vie d’un autre côté…
Y avait plus de fées, qu’des carabosses,
Y avait plus d’fleurs, que des bouquets de pleurs…
La suite, j’vous la dirai un aut’jour,
Parce que c’est triste, ça parle d’amour…